SardoniS – III

 

SardoniS

A nouveau frappée de l’écusson présentant deux volatiles, la nouvelle pièce des deux flamands s’intitule simplement « III » et elle suit donc logiquement l’opus qui l’a précédé : « II » (les similarités avec le dirigeable s’arrêtent là). Les inconditionnels de sensations fortes – pas les lopettes qui se font du billard de poche en lisant les cinquante nuances de ni noir ni blanc – ne seront pas égarés par l’orientation artistique des Belges. Ces mêmes quidams – amateurs éclairés de gros mouvements de nuque et de tapage du pied au sol – en auront largement pour leur pognon en se jetant sur la suite cohérente de cette bonne histoire belge.

En cinq pièces de belle facture, le sombre binôme achève son auditeur à coups de boutoirs et la digestion consécutive à l’écoute attentive de cette galette ne s’avère pas des plus aisées même si on aime bien les exercices carrément bourrins par ici. La formule reconduite par les deux complices demeure peu accessible pour le quidam ordinaire : guitare saturée accordée très bas et batterie métronomique ralentie. Pas d’adjonction superflue de légèretés vocales voire synthétiques : cette prod c’est sang pour sang gras point barre !

C’est donc une plaque qui va faire fureur auprès d’un périmètre restreint d’amateurs de grosses branlées et comme ce périmètre a tendance à s’agrandir : le groupe devrait convertir de nouveaux adeptes avec cette sortie qui fait parler la poudre. Ceci d’autant plus que là où certains se bornent à envoyer du gros doom pour lourdingues, le duo place quelques plans stoner plutôt bien sentis. Si « Roaming The Valley » est le prototype même du titre doom efficace à ces débuts, cette plage centrale – la troisième sur cinq – s’aventure en terres plus stoner en accélérant deux minutes après le début des hostilités pour délivrer un plan trépident imparable qui met en avant un riff sur lequel ne cracheraient pas certaines formations actives du côté accessible au grand public de la force stoner.

Mon côté fleur bleue – ben ouais – a été aux anges à l’écoute de « Battering Ram », un brulot de six minutes envoyé pied au plancher. Ce titre d’une rare efficacité ralenti tout de même après quelques minutes – faut pas rêver non plus ! – en conservant son emprise sur l’auditeur en s’appuyant sur un jeu de batterie brillamment mis en avant par la production (merci pour les toms). Cette expérience – très éloignée de la musique de superette – s’achève à l’instar de « II » sur un titre long et presque introspectif : « Forward To The Abyss » qui rappellera « Aftermath Of Battles » (la dernière plage de « II » pour ceux qui me suivent encore) aux fans affutés de ce genre.

Au final, c’est quarante minutes de gros son particulièrement bien foutu concoctées par Jelle et Roel qui feront le bonheur des amateurs de plans sombres, heavy et pugnaces ne se trainant pas trop quand-même.

Point Vinyle :

En plus de la petite rondelle argentée et du téléchargement un peu partout, cette pièce est proposée en heavy – what else ? –  vinyle noir de qualité qui envoie du bois.

The Sword – High Country

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Après leurs deux premiers brûlots (Age of Winters et Gods Of The Earth), un détour par l’espace (Warp Riders) et des aventures ensorcelées (Apocryphon), revoilà les texans de The Sword pour le cinquième épisode de leur saga : High Country. Et il y a beaucoup à dire de cet album, car après la claque unanime envoyée par Apocryphon, The Sword prend tout le monde à contre-pied en accouchant de ce nouvel album.

Dès l’instrumental introductif, un “Unicorn Farm” au groove emprunté à certaines dernières productions de Mark Lanegan, le ton est donné : High Country n’est pas Apocryphon. Considérés comme une des références dans la sphère stoner, les texans ont préféré s’affranchir de ce fardeau et voler vers les contrées de l’exploration et de l’expérimentation. Pourtant, l’essentiel de ce qui a forgé le son The Sword est présent : le timbre plaisant de J.D. Cronise ou les envolées guitaristiques et inspirées de Kyle Shutt. Mais cet essentiel est ici agrémenté de petits quelques choses en plus, comme sur l’introduction à l’ambiance asiatique de “High Country”. Contrairement aux précédentes offrandes, les morceaux sont moins directs mais minaudent subtilement pour nous attirer dans leurs filets.

“The Bees of Spring” par exemple, vous susurre à l’oreille tel un titre tout droit sorti des années 60 avant de vous matraquer en règle comme The Sword sait si bien le faire. Même constat pour “Mist & Shadow”. L’instrumental “Suffer no fools”, en revanche, ne s’embarrasse pas de tels atours et aurait facilement pu se voir affubler d’un simple nombre en guise de titre. “Silver Petals”, autre instrumental, lorgne quant à lui du côté des troubadours et des 60s, et sert magistralement de tremplin au riff d’entame de “Ghost Eye” qui émerge alors de toute sa splendeur, tel l’iceberg qui a coulé le Titanic, au milieu de cet océan de calme. Quant à “Seriously Mysterious” (à mon sens le meilleur morceau de la galette), il est traversé de part en part par un beat synthé/batterie aux relents hip-hop qui titille irrésistiblement l’oreille, avant que Cronise vous harponne définitivement avec ce premier couplet “Beware those gypsy witches / They are not what they seem”.

Ce High Country frustrera grand nombre de fans de The Sword, c’est certain. L’album mérite pourtant une chance et plusieurs écoutes pour en apprécier toute la richesse. A bien des égards (démarche, variété, qualité) l’esprit qui accompagne ce cinquième album peut être comparé sans rougir à celui du Angel Dust de Faith No More, un autre album qui a en son temps déstabilisé beaucoup de monde. Une belle réussite pour une prise de risque maximale.

DoctoR DooM – This Seed We Have Sown

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DoctoR DooM comme son nom ne l’indique pas forcément ne fait pas dans le riff pachydermique à répétition dronisante ou encore le blues crasseux épaissi aux psychotropes. Non. DoctoR DooM vous fait entrevoir la fatalité comme l’accomplissement d’un juste équilibre par les forces vitales de notre monde, j’ai dénommé les quatre fantastiques: guitare, basse, batterie, chant. Si les premières minutes de « The Sun » pourraient vous induire en erreur quand à la signification du nom du groupe par sa ligne de basse lourde de trépas, c’est bien du côté du célèbre Némésis des comics qu’il faut chercher l’inspiration. Surtout dans son année de naissance : 1962.

Pourtant actif depuis 2011, le quatuor français (cocorico) semble tout droit venu d’un autre temps. Plus précisément il paraît avoir traversé les âges d’or du rock pour nous présenter aujourd’hui This Seed We Have Sown , leur premier album en date après une doumO déjà prometteuse à l’époque (chroniquée dans nos pages). Si l’inspiration trouve sa source aux confluents de Deep Purple, Black Sabbath et Coven, elle s’abreuve également des résurgences plus actuelles de cette scène (Graveyard, Witchcraft, etc.). Le résultat est  impressionnant de maîtrise. Car nos ariègeois se démarquent de la tête et même des épaules par une musicalité à faire pâlir la torche humaine. L’incandescence des arrangements poussant les morceaux à la plus pure des flammes. Celle qui vous consume et vous possède, celle d’un rock en état de grâce.

L’apport de claviers met en relief les riffs qui à défaut de transpirer l’originalité marquent par leur limpide efficacité. Les grattes presque cristallines mais troublées comme il faut se démarque d’un mix équilibré faisant aussi la part belle à cette ronde basse, tantôt graveleuse, tantôt rocailleuse mais toujours généreuse. Se croisant, se juxtaposant, s’opposant et se jouant les uns des autres, les cordes mis en branle tendent à nous emmener vers des contrées progressives sans friser la démonstration gratuite. La section rythmique ne se contentant pas de couvrir les arrières de nos supers héros. Tout le monde joue de la même importance, la richesse du jeu de batterie s’élevant aux niveaux des licks mutins jazzy/bluesy/rocky que balancent à tour de bras les guitares ET la basse.

Etrange sentiment de sérénité qu’offre un groupe qui s’appelle DoctoR DooM. Jamais menacé par la lassitude, This Seed We Have Sown est un album soigné, où la voix justement posée fait échos aux passages plus jammés, où le groove rebondit sur des refrains accrocheurs, où les solos tout en fluidité ruissellent sur des breaks inspirés. La minute instrumentale qui clôt le disque nous indique que l’œuvre est « To Be Continued… », nous n’attendons que ça. Venez écouter le docteur, non vraiment n’ayez pas peur, contrairement aux antibiotiques ce devrait être automatique de se prescrire une si bonne dose de rock. Définissez le comme bon vous semble, 70’s, psychédélique, stoner, classic, progressif, il n’en est pas moins essentiel à notre bien-être.

Pentagram – Curious Volume

Pentagram Curious Volume cover

Nul besoin de refaire ici l’histoire : des débuts à l’oubli jusqu’à sa résurrection, Pentagram aura tout vécu. Véritable phœnix revenu d’entre les cendres que Bobby Liebling n’aura pas eu le temps de fumer, le quatuor américain fait depuis tout son possible pour regagner sur Black Sabbath un peu du terrain perdu, publiant tout et parfois n’importe quoi. Des compilations aux lives en passant par les différentes incarnations de groupes satellites (Death Row, Bedemon, Bobby Liebling’s Ram Family), les sorties en rapport avec la légende de Washingtown D.C. sont nombreuses, sur des labels aussi divers qu’improbables (Black Widow Records, Svart, Metal Blade, Relapse, Doom Capital et Peaceville donc). Last Rites, sorti en avril 2011 signait le retour à la composition de Liebling et sa bande mais pêchait par une production trop métallique. Il faut dire que la situation particulière de Pentagram, finalement nouveau sur la scène mais disposant d’une discographie longue comme le bras, a de quoi saturer de musique l’auditeur qui aurait décidé de se pencher sur la musique du groupe.

De tournée en festival, le quatuor s’affiche partout  (« En 55 ans je n’avais visité que quatre états. Ces trois dernières années j’en ai traversé 46 et me suis rendu dans 33 autre pays ! » disait Liebling lors d’une interview pour Tracks) et il ne restait plus qu’à cette mouture moderne de Pentagram (Victor Griffin à la guitare et les plus jeunes Greg Turley et Pete Campbell pour la section rythmique, deux recrues made in Place of Skulls) de s’imposer par la réalisation d’un disque solide.

Curious Volume a tous les pourtours d’un album mésestimé : à première vue, ce dernier semble n’être qu’un patchwork de titres ressortis des tiroirs (« Earth Flight », « Lay Done And Die » et « Sufferin » ont été composés dans les années soixante dix, tandis que le punkoïde « Misunderstood » vient de la décennie suivante et « Because We Made It » des 90’s) agrémenté des dernières fulgurances studio d’un groupe décidé à ne plus perdre de temps. Le résultat pourtant donne une toute autre impression : en effet le Pentagram nouveau ne manque pas de cohésion. Convoquant les racines heavy doom du combo (Le ligne vocale de « Walk Alone », les ambiances de « Because I Made It ») toujours porté par le grain de guitare magique de Griffin et la voix si particulière de Liebling, Curious Volume ose même quelques effets plus modernes, comme le chant de Liebling sur « The Devils Playground » rappelant Neil Fallon ou les chœurs angéliques à la fin d’« Earth Flight ». Même si le disque paraît rêche au premier abord, il se révèle riche et plein de vie, rappelant un peu les standards du doom 80’s, Saint Vitus en tête. Par ailleurs, et c’est là l’essentiel, de nombreux titres majeurs, tels que « Lay Down And Die », « Misunderstood » ou la génialissime « Because I Made It » s’incorporeront à merveille aux sets du groupe lors des futures tournées.

Il paraît peu probable que Curious Volume vienne titiller le sacro saint triptyque Relentless/Day Of Reckoning/Be Forewarned dans le cœur des fans, mais reconnaissons tout de même qu’il s’agit là de ce que le combo a produit de meilleur depuis 1994. Une autre vie, une autre époque.

 

Point Vinyle :

Peaceville Records, label bien plus metal que stoner ou doom est adepte de la sobriété en matière de Lps. Chacune de ses publications subit un traitement aussi classique qu’efficace et Pentagram n’échappe pas à la règle : Curious Volume est donc disponible uniquement en édition black Lp, 180gr pour une quinzaine de livres. Et il est inutile de s’attendre à une quelconque édition limitée.

Hangman’s Chair – This is not supposed to be positive

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Rarement artwork n’aura aussi bien représenté son contenu. La pochette réalisée par Dave Decat pour le nouvel Hangman’s Chair fait absolument corps avec l’essence du groupe. La symétrie biaisée, la composition parfaite de l’ensemble, la diagonale guillotine cisaillant la naïveté pop, cet homme qui part, prêt à sortir du cadre, ne laissant qu’un violent et sanguinolent silence derrière lui. Oui. « This is not supposed to be positive » est une pépite, noire, une merveille de complexité, évidente pourtant.

La valse des étiquettes devient nécessité ici tant le nouvel opus des parisiens brasse une quantité incroyable de genres, sans jamais s’y perdre. S’appropriant l’histoire des courants, le combo est capable de passer d’un blues froid à une dégueulasserie sludge sans pareille, bande-son vertigineuse de ce que pourrait être le viol de Chris Isaak par une tronçonneuse. Puis d’ériger en son centre un titre intense et dépouillé, qui aurait toute sa place dans une boucle Lynchienne. « Les Enfants des Monstres pleurent leur désespoir ». Tu m’étonnes.

Les parisiens ont pris le temps de relire leur doom depuis Hope//Dope//Rope paru en 2012. Aux tourments crasses déjà présents, ils ont rajouté une réflexion aérienne qui dynamite complètement leur univers. Plus poussé, plus construit, moins viscéral mais où le corps et l’esprit tendent vers un but commun, l’expiation et la mélancolie. « Flashback » en est le plus bel exemple. Mélodie imparable, production massive, lourde et aérienne, un chant d’une justesse troublante, le titre synthétise le savoir-faire du groupe et le place dans le haut du panier. Tout simplement. Avec lui, Hangman’s chair boxe là-haut, laissant les poids coq s’étriper entre-eux.

Et là-haut, la chaise du bourreau s’est attablée avec toute une collection de meubles 90s, d’Alice in Chains à Soundgarden. Le vernis grunge qui patine l’ensemble de la galette ne bouffe en aucun cas l’esprit des compositions et rajoute une couche à la dépression galopante qui court le long des pistes.

Je me rends compte en relisant cette chronique que les références sont nombreuses et semblent complètement disparates. Finalement Hangman’s Chair ne ressemble qu’à lui-même. La faute à son talent, sa tristesse et ses idées. « This is not supposed to be positive » est une sortie intelligente, bienvenue et nécessaire. A l’image de Coffin on Tyres ou Stonebirds ces dernières années, les parisiens jouent leur propre musique, se démarquant par la sincérité de leur démarche et la qualité supérieure de leurs compositions. « This is not supposed to be positive » est sans conteste une des grande réussite de 2015. D’un point de vue personnel j’y ai retrouvé ce qui faisait de moi un ado, ce qui m’obsède maintenant en tant qu’adulte et les peurs qui bordent mon futur. « Rouge pour le sang, Bleu pour la grâce ». Merci.

Grand Massive – EP II

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Pour ceux qui s’intéressaient déjà à la scène de prédilection mis en avant en ces pages il y a de cela 10 ans, le nom de Duster69 sonnera familier. De ses cendres est née en 2008 une nouvelle hydre germano-suédoise appelée Grand Massive. Une première démo atteste alors de leur vigoureuse intention de botter quelques derrières endormis sur les bancs de rock trop doux pour être honnête. Le premier EP sobrement intitulé « EP » confirme tout le bien que le groupe inspire. C’est ainsi que depuis maintenant 7 ans le quintet œuvre dans un stoner-metal (plus « métal » que le combo précédemment cité) aussi velu qu’efficace. Quelques changements de line-up n’aura su mettre en défaut ces qualités et ces dernières se voit même exacerbées sur le dernier né « EP II » qui est donc leur deuxième EP en date (simple, logique, efficace je vous dis).

La production puissante et léchée saute aux esgourdes dès les premières mesures de « Sound of War » qui couplé au second morceau « Backseat Devil » forme un duo implacable. Rythmique en béton, nuance dans les riffs et les tempos, ça avoine direct et sans détour. Une sorte de compromis entre le Dozer le plus abrupt et le Down le moins marécageux. La voix marque par sa versatilité, tantôt caressante, tantôt rocailleuse, toujours porteuse de titres fichtrement bien gaulés aussi rapidement expédiés qu’un chronopost sous amphet. Le groupe assène les coups sans broncher mais avec toujours la délicatesse d’une touche mélodique.

« I’m Atlas » fait appel à des inspirations plus lourdes et torturées, avec une voix qui se pousse à l’extrême. Grand Massive est généreux de par ses influences. Au premier abord le mur du son qui s’écroule sur nos pavillons non  préparés paraissait d’un seul bloc. Mais façonneur de talent, le combo sait dérouler des compos plus mid tempo (la reprise de Chum « Embrassing the Eyesore ») voire même franchement déroutante car inattendue (la mélodieuse et posée « Woods, susurrée avec sa seule guitare et ses samples). C’est simple ce court EP de 25 minutes frappent juste en variant les attaques pour ne pas assommer.

Sorti en février chez Daredevil Records, l’uppercut vous est peut être passé sous le menton mais un bon petit coup de boutoir de temps en temps, ça ne se refuse pas !

Wallack – Wallack

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Trio Pictavien (j’ai cherché dans google alors commencez pas hein) déjà auteur d’un EP en 2013, amateur de musique psyché/prog autant que de stoner/rock indé, les Wallack nous offrent cette année leur premier album.

Vous voyez le coté oriental/mystique qu’on trouve dans la musique de Glowsun ? On retrouve un peu de ça ici, mélangé à des plans de gratte énervé à la Tool (le pont dans « Methrock » par exemple) et à un chant empruntant au rock indé Français .

Les compos sont bien ficelées et on ne s’ennuie pas malgré des titres dépassant parfois les 10 minutes. Les ambiances sont bien travaillées et les riffs s’enchaînent de façon à nous raconter des histoires musicales plutôt que de nous faire le coup du couplet/refrain/pont/refrain/final.

Niveau son, on en a pour son argent, l’ensemble tient la route sans problème, la gratte est la plus gâtée mais rien de rédhibitoire pour les autres.

Un léger manque d’ampleur pour la basse qui entraîne un petit flottement lorsqu’elle est censée porter le groupe mais c’est vraiment parce que je suis exigeant ; d’ailleurs, puisque je le suis, je trouve la batterie un peu trop propre pour être honnête . Ouais, je suis comme ça.

Pour en revenir aux morceaux, les couleurs choisies et évoquées au long du disque sont très variés et sont un véritable plus pour le groupe. On trouve en vrac des plans quasi noise (2ème partie du solo dans « The void »), des idées de chant qui passeraient sans problème dans du ragga (« 2666 »), des ambiances Stoner western (intro de « Pluton ») etc etc.

Par contre il faut que je le mentionne sinon ça va me hanter un moment : la pochette est moche. Ouais, OK, je sais, l’art c’est un truc subjectif, chacun est différent blablabla… ouais ben n’empêche que la pochette est moche. Point. Je ne développerai même pas, pas envie d’insister non plus.

Pour un premier album, le résultat est plus que réussi et on attend la suite avec plaisir.

Windhand – Grief’s Infernal Flower

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Il est donc là, face à moi, le mur colossal que je dois franchir pour entrevoir la lumière. Quelques rais pourtant parviennent à se faufiler entre les jointures crasses et, chauffant mes joues poilues de poupon pépère, me promettent un après somptueux. Faut dire qu’il va avoir du boulot le soleil s’il veut percer le doom de Windhand. En 2013, le quintet américain avait assombri le ciel avec un « Soma » lourd, tirant sa noirceur des oracles sabbathiens et electric wizardiens, creusant sa tombe dans la légion zombie d’ersatz de qualité. L’évidente question concernant le nouvel opus « Grief’s infernal Flower », est de savoir si les musiciens de Richmond ont réussi à insuffler plus de personnalité et d’identité à leur doom de qualité.

Toujours chez Relapse et produit par Jack Endino (Nirvana, Soundgarden, High On Fire), « Grief’s infernal Flower » commence là où avait finit son prédécesseur. Rien de bien nouveau sous les nuages, un stoner-doom de qualité ralentissant le rythme cardiaque mais respirant toujours les mêmes productions opiacées inhérentes au genre. Le fait d’avoir une chanteuse ne change d’ailleurs pas la donne dans ces moments là car la voix est travaillée de telle manière qu’elle pourrait sortir d’une trachée trans genre et impersonnelle. On se retrouve donc à écouter des titres tels « Two Urns » ou « Tanngrisnir » en dodelinant sa mélancolie mais sans réelle surprise.

D’où vient que ce nouvel album pourrait surprendre ? A vrai dire, c’est une fois de plus dans le sillon du folk noir que Windhand est intéressant. Sur Soma, c’est le titre « Evergreen » qui convoquait les sorcières de Salem autour d’un feu de camp froid comme la mort. Ballade dépouillée et rêche, elle faisait des merveilles. Aujourd’hui, c’est « Aition» et « Sparrow Us » qui s’y collent. Car oui, enfin, la voix de Dorthia Cottrell trouve dans une guitare sèche, l’écrin mortuaire parfait pour narrer sa tristesse. Et l’on regrette que l’album ne comporte pas plus d’éléments acoustiques. Il suffit d’écouter l’intro de « Crypt Key » pour s’en convaincre. Ces instants folks subliment le doom des américains, offrent un contrepoint parfait aux murs de saturation et dirigent la chanteuse vers des chemins plus personnels. La frustration est d’autant plus grande que le talent et le son sont là mais que ces touches acoustiques ne sont pas légions.

On écoute donc un bel exercice de style mais pas un album charnière dans la carrière de Windhand. Il faudra plus qu’une ou deux chansons folk par disque pour s’extirper de la masse. Pourtant les ingrédients sont là, les saveurs présentes, reste à les cuisiner différemment peut-être. Le dosage pour réaliser un bon poison (coucou à la famille Borgia en passant) est affaire d’équilibre et nul doute que le folk sombre développé entre ses riffs permettra aux américains d’y parvenir. Curieux donc de goûter au prochain chaudron.

Horisont – Odyssey

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2015. En cette année où la planète attend de pied ferme l’épisode VII de Star Wars, la saga spatiale débutée dans les 70s, les suédois d’Horisont accouchent de leur quatrième album, Odyssey,  une saga spatiale qui fleure-power bon les 70’s justement.

Et contrairement à The Sword qui avait modifié la recette et proposé une musique en adéquation avec son concept album Warp Riders, Horisont ne change rien en jouant à fond la carte rétro pour cet opéra-rock passéiste. Tout y est, de la kitchissime pochette hommage aux meilleures séries B de science-fiction, aux synthétiseurs singeant presque des voix de robots et qui accompagnent parfois cette musique venue d’un autre siècle. Mais s’arrêter à ces détails ne serait pas rendre justice à nos scandinaves qui risquent, après le soufflet plat Berlin, de se poser en sérieux concurrent de Kadavar pour la place de chef de file de cette scène revival.

Le morceau titre et fleuve installe, dix minutes durant, l’ambiance de ce concept album à la croisée des chemins entre le progressif The Yes Album et le mythique The Rise and Fall of Ziggy Stardust and the Spiders from Mars. Ou quand pantalons moule-burnes & bacchantes désuètes rencontrent des O.V.N.I. remplis d’extraterrestres aux oreilles pointues.

Au programme de cette odyssée : guitares plus tranchantes que des sabres lasers (“Bad News”), chevauchées épiques de vaisseaux spatiaux en plein combat (“Light My Way”), invasions de robots (“Red Light”), larmes et tristesse après la mort d’un protagoniste et/ou la perte d’une bataille (“The Night Stalker”), assaut final (“Städer Brinner”) et happy-end (“Timmarna”). L’enchaînement des douze titres de cet opéra-rock est une véritable réussite tant il transpire, en véhiculant toute une palette d’émotions et d’ambiances, cette volonté affichée par Horisont de raconter, une heure durant, une épopée intersidérale.

Par ailleurs, les suédois sont à 200% dans la démarche “je fais de la musique 70’s”. Et bonus non négligeable : ils le font très bien et l’on ne peut qu’y croire tant la galette transpire de sincérité. Mais l’exercice revival s’avère toujours délicat car le risque est grand de voir l’hommage se transformer en plagiat. Nos vikings n’évitent malheureusement pas cet écueil avec le pourtant très bon “Back On The Streets” sur lequel le phrasé des couplets chantés par Axel Söderberg lorgne allègrement du côté de la célèbre bande-son de Rocky III (pourtant un morceau à tendance 80’s).

Si l’on laisse de côté ce détail quasi-insignifiant, le constat s’avère assez rapide. Horisont ne réinvente pas la poudre et fait ce qu’il sait faire de mieux : de l’Horisont; une musique honnête qui ressemble à s’y méprendre à ce qu’écoutait peut-être votre paternel à l’époque ou vous n’étiez encore qu’une vague idée. Pas de surprise à l’horizon donc, mais un album au poil.

Out Of Space – Invaders

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Les poteaux disciples du borgne Néron ne se sont pas foutus le doigt dans l’œil en foutant le trio lyonnais en première partie de Monsieur Oliveri lors de sa venue dans la Capitale qui fout la Gaule. Bien que récemment débarqués sur la planète stoner, ces envahisseurs-là ont plus de points communs avec le style originel californien qu’avec les disciples de David Vincent.

Pratiquant un style que je qualifierai assez standard, les Lyonnais alignent, sur cet ovni, cinq titres ratissant assez large puisque l’ombre de Soundgarden n’est pas à des années lumières de « Psycho Jake » sur lequel Kim et Chris n’auraient pas rechigné à poser leurs grattes et le spectre de Josh est assez présent lorsque l’intro de « Bloody Road » retenti. Malheureusement, ce dernier étant le premier morceau proposé sur l’autoproduction, il pourrait être disqualifiant pour certains auditeurs. Que ceux-ci s’en affranchissent ! Les Français ont bien plus à proposer qu’un ersatz de robot rock à la QOTSA.

Cette soucoupe violente au son très live – et un peu sourd je le concède sur certains morceaux – contient trois titres de grande classe. Un brulot très abouti dans la veine du Dozer des grandes années : « Lined Coin » qui se déploie avec retenue autour d’un riff bien grailleux avec des incursions bien senties de grattes aux sonorités fifties dans la ligné de l’autre Vincent (Gégène) et des baisses d’intensité qui laissent au hurleur de la bande tout le loisir de poser sa voix dans le giron de la guitare. Ensuite il y a « Riot » et son intro lancinantes et très lourde qui, à l’image de certaines compos de Metallica (désolé), embraye la quatrième durant le refrain et ralenti durant des couplets où la superposition des voix rappelle avec délice le duo Layne/Jerry de l’enchaînée Alice.

Pour terminer, une plage de presque seize minutes vient transformer l’essai : « Desert In Bloom » (normal qu’avec un titre pareil ça me botte). Débutant en toute quiétude avec un ampli guitare à la reverb poussé au max et un champ certain pour les parties vocales, ce titre gagne en couilles sans nous faire le coup du calme bourrin enchaîné sans queue ni tête. C’est du délire, ça évolue, ça prend de l’épaisseur, ça fait travailler les cervicales et surtout ça trotte dans la tête bien après que la galette soit retournée dans l’écrin de toute beauté fomenté par notre pote Jo Riou. Ce titre à lui seul vaut l’investissement dans cette sortie aussi dispo en téléchargement légal (quoi il y a du téléchargement illégal ???).

En ponctuant cet acte de si belle manière, Nicolas (chant et guitare), Guillaume (basse et chant) ainsi que Sébastien (batterie et pas de chant) contribuent de belle manière à l’édifice francophone du stoner qui a plutôt de la gueule et certainement plus à rougir lorsqu’on le compare à son homologue scandinave. Bravo les gars et revenez rapidement avec une production novatrice de ce tonneau qui a infiniment plus de saveur et d’épaisseur que le beaujolpif nouveau.

Uncle Acid & The Deadbeats – The Night Creeper

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Uncle Acid & The Deadbeats a toujours aimé les 70’s. Plus encore, le quatuor de Cambridge UK, semble en être leur parfaite synthèse. De leur nom (provenant du groupe qu’aurait formé Rusty Day, l’ex chanteur de Cactus, s’il n’avait pas été assassiné) jusqu’aux thèmes évoquées, le groupe suinte le psychédélisme et la lourdeur du hard rock première vague par tous les pores de sa peau. Découverts par Rise Above qui les propulse sur le devant de la scène avec Blood Lust, sensationnel opus en forme d’hommage aux Films de la Hammer, le groupe devient incontournable avec l’album suivant, Mind Control. Ce dernier, relatant la fin du rêve Hippie aux Etats Unis, lui permet de faire la tournée des grandes salles Européennes en ouverture de Black Sabbath. Leur rock vintage, presque dansant, convoquant autant les Beatles que le monstre de Birmingham, fait mouche. Uncle Acid sort des sphères stoner auxquelles il était promis pour devenir une entité rassembleuse par delà les étiquettes.

Une fois un tel niveau de notoriété obtenu, il ne restait plus qu’au « control freak » Kevin Starrs et à sa bande de composer un troisième album destiné à enfoncer définitivement le clou et de sillonner les routes sans relâche (ce qui sera plus que le cas entre septembre et décembre 2015).

The Night Creeper va chercher ses ambiances dans les plus sombres soubassements de la pop culture : le groupe aime à le présenter comme « un roman de gare adapté en film noir, puis vingt ans plus tard en un Slasher italien ultra violent ». Un programme qu’Uncle Acid déroule méticuleusement. Rien de révolutionnaire dans leur démarche et heureusement, le groupe continue d’explorer les voies du rock occulte aux mélodies lancinantes, que le timbre vocal de  KR Starrs rend si original, en une suite irrésistible de petites perles de rock acide, envoutant les sens et désarticulant le corps. Notons « Waiting For Blood », « Downtown » ou le single « Melody Lane » au rayon des hymnes imparables tandis que le reste de l’album permet de saisir toutes les variations mélodiques dont le combo fait étal. Pour les besoins narratifs de leur histoire – concept album oblige – le groupe a su varier les tempos, allant jusqu’à proposer une piste instrumentale (« Yallow Moon »), aération idéale pour un opus certes sombre mais sur lequel plane clairement l’ombre de Pink Floyd.

Enregistré aux Toe Rag Studios, célèbre temple anglais de la musique analogique, où Electric Wizard et les White Stripes ont déjà posé leurs amplis, The Night Creeper suinte le rock d’un autre temps mais resplendit par la profondeur de ses ambiances et la puissance de ses mélodies.

Il paraît difficile, pour quiconque aime son rock occulte ou noyé à la fuzz de passer à coté d’une telle réussite. L’un des albums de l’année.

 

Point Vinyle :

Rise Above fait généralement les choses bien, même si les premiers pressages ont tendance à partir comme des petits pains et se revendre à un prix délirant par la suite au marché noir.

Pour le premier pressage de The Night Creeper voici la liste :

Die hards éditions : 100 Silver éditions pour la famille et les amis, 100 cristal vendus sur le site de Rise Above et 250 en rouge et blanche. Ces éditions contiennent un poster et un livret avec les paroles.

Pour les éditions « simples » : 1000 en rouge transparent, 1000 en violet transparent, 1000 en noir, 500 en vert (pour les magasins indé aux US) et 1000 en violet opaque, pour les US principalement.

Valley of the Sun – Sayings of the Seers

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Tout a commencé en 2011. La chaleur était écrasante en ce mois de juin. Leur Truck rutilant après ces dernières années passées à le retaper et le préparer pour ce voyage n’attendait que de lancer son moteur aux ouïes du monde. Cette route maintes fois rêvée, visualisée jusque dans le moindre de ses virages s’offrait maintenant à eux. La clé sur le contact « Hearts A Flame » balance son gros riff de camionneur affuté. Le temps que la mécanique se lance et la fulgurance des cylindres propulse le Truck à vive allure sur les routes d’un heavy stoner nitro-boosté.

Toute l’énergie et l’aisance de ses pilotes sautent aux yeux au fil des paysages qui défilent. Valley Of The Sun n’est pas le départ de ce trip mais la destination. Au détour des riffs plus cinglants les uns que les autres, on croise des breaks au groove délié à en faire oublié la vitesse à laquelle le groupe attaque les tournants. Pas étonnant qu’ils aient rejoins l’écurie Fuzzorama quelques courtes années plus tard, tant cette conduite débridée nous rappelle l’énergie des Truck-Fighters.

Déjà trois titres que l’on bouffe littéralement l’asphalte à croire qu’on le survole. A mi-parcours déjà le break de « Mariners Tale » nous dévoile les premières esquisses de paysages à venir. Plus posé, le pied relâchant l’accélérateur le temps d’être happé par les premières couleurs du soleil couchant. Courte distraction, la pédale étant vite ré-écrasée pour clore ce morceau au refrain imparable et pour lancer toutes cylindrées dehors « Aquarius » au fuselage étincelant. La démonstration de pilotage tient de la maestria. Guitare / Batterie sont les cœurs battants (et c’est un euphémisme pour cette dernière) de la mécanique cincinnatienne. Le riffing racé trouvant réponse dans le déferlement de cymbales et de toms matraqués tout azimut de la plus grooveuse des manières.

Enfin cette fameuse vallée se dessine sous nos yeux. Le volume de nitro à baisser et pour la fin d’ « Aquarius », l’injection dans le moteur se fait plus féline. Son ronronnement résonne acoustique à nos tympans assénés jusqu’alors de coups de pistons à haute compression. C’est sur le couché de soleil mid-tempo de « Riding the Dunes » que se clôt notre périple. Les américains dévoilant ainsi une conduite plus mélodique et moins débridée. La virée a été folle pour atteindre notre but, repu d’énergie rock nous sommes sereins face à la contemplation de cette Valley Of The Sun qui nous a animé tambours battants pendant 25 minutes.

Le tracé d’origine de cette course palpitante s’arrêtait là à sa première sortie. Aujourd’hui rééditée en vinyl par Kozmik Artifactz, le voyage retour nous est proposé en bonus. Deux titres (un inédit et une reprise du délicieux « Riding the Dunes » précédemment évoqué) pour permettre à la gomme des pneus de se refroidir. Avec pour seul carburant une guitare acoustique, la voix du pilote se fait plus chaude. Typé et intense jusqu’alors, elle se pose pour nous susurrer l’envie de vite faire le plein une fois le moteur éteint pour se relancer illico presto dans ce Sayings of the Seers de haute tenue.

Strauss – Luia

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Strauss, le plus européen des groupes anglais, revient avec un excellent deuxième EP autoproduit intitulé Luia, tantôt abrasif, tantôt fuzz, tantôt ___________(<= insérer un adjectif de votre choix). En seulement cinq titres, ce véritable melting-pot musical (à l’image du melting-pot culturel qu’est Strauss) va mettre tout le monde d’accord.

Cinq titres donc, et cinq univers différents avec, comme point d’orgue, une incantation aux Dieux des riffs tranchants en fonte, nommée « Eclipse » et qui vient (tout est relatif) faire de l’ombre pendant près de huit minutes aux autres titres de Luia, notamment à l’étonnant « 2015 » dont l’intro de basse sonne comme à cette époque bénie du début des 90’s où Flea et Robert Trujillo portaient encore bien haut l’étendard du funk-rock.

Une belle découverte que Strauss donc. Comme quoi la traversée du channel par des migrants peut avoir du bon !

Godsleep – Thousand Sons Of Sleep

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« Thousand Sons Of Sleep ». Avec un titre pareil, la filiation de Godsleep avec la bande à Pike semble toute trouvée. Alors OK, c’est du stoner, la déduction est acceptée. Mais s’arrêter ici serait très réducteur et manquerait de pertinence. Après un rapide test génétique, on s’est rendu compte que les géniteurs potentiels de Godsleep étaient surement bien différents. Bilan de l’ADN joint ci-contre. Merci de prendre en considération les aléas de la science.

Godsleep, quartet d’Athènes, nous livre ici son premier album. Composé de sept titres, il est une sorte de déclaration d’amour au genre stoner et aux grands acteurs de la scène. Amateurs d’aventures et de pirouettes en tout genre, ce disque n’est pas le vôtre. Vous l’aurez compris, ici on avance en terrain conquis. Et d’entrée de jeu. « When the desert calls you, you must be there », c’est sur ces belles paroles que s’ouvre le premier titre, « The call ». Cette ballade relevée d’un soupçon de psychédélisme nous plonge directement sous un soleil aride. La chaleur est écrasante et la voix vacille aux rythmes des ondulations du mirage à l’horizon. Le décor est planté, mais vite bousillé par un riff ravageur qui sent bon l’humidité et le cambouis. Le groupe aime en effet recueillir tout ce qui traine dans la boue ou la sueur pour le transcrire le plus fidèlement en musique. Et le résultat est plutôt satisfaisant, quand on écoute des titres comme le supra groovy « Wrong Turn » ou le plus léthargique « I Want You ».  Tout au long de l’album, on pense inévitablement à Down et à ses hymnes du bayou, d’autant plus que la voix de Kostas ressemble à s’y méprendre à celle d’Anselmo. Vous savez, cette voix qui vient de très loin, pratiquée les yeux plissés, la gueule grande ouverte et la goutte au front. Du genre je mets mes tripes sur la table et je vous en sers volontiers. On en a d’ailleurs droit à une bonne ration sur le magnifique « Thirteen », avec un passage a cappella où l’on jurerait que Tonton Phil s’est invité sur l’enregistrement. Cette chanson est une belle synthèse de l’étendue sonore du groupe. Certes, si nos grecs sont en effet adeptes d’ambiances marécageuses, ils boxent aussi dans une autre catégorie. Quand on quitte Down et son atmosphère menaçante, c’est pour retrouver l’énergie radieuse d’un Truckfighters. Le groupe excelle donc aussi dans un riffing plus souriant, plus cosmique que bluesy, comme sur « This Is Mine », dont le groove semble tout droit sorti d’un Gravity X. À l’image du titre introductif, on retrouve aussi des virées plus lancinantes, comme les deux derniers « Home » et « Feel Like Home ». Accroupi, quelques gouttes de sang perlant sur le sable après une telle déculottée, on termine l’écoute de cet album sur ce retour à la maison rédempteur.

Cet album ne nous surprend pas mais ce n’est certainement pas son but. Pas d’entourloupe, pas d’artifice ni de tromperie sur la marchandise, on sait à quoi s’attendre. Mais bon dieu que c’est bon ! C’est bien ficelé, ça bouge superbement et on ne s’ennuie jamais. N’est ce pas plus judicieux de proposer du traditionnel maîtrisé que du novateur insipide ? On laissera conclure M. Michon Fleury, ce célèbre poète du gras, par son adéquat proverbe : « La tradition, ça a du bon ».

The Atomic Bitchwax – Gravitron

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Est-il besoin de vous refaire un cours d’histoire en vous parlant du parcours de The Atomic Bitchwax ? D’où qu’ils viennent, qui qui sont-ils, pourquoi c’est qualité ? Non. Munissez-vous de votre meilleur moteur de recherche et démerdez-vous. Un indice cependant : Monster Magnet. Voilou. Maintenant parlons de Gravitron, sorti en 2015, leur sixième LP, et petite bombe vitaminée d’une grosse demi-heure.

Dix titres, trente trois minutes, le calcul est vite fait et vous donne une idée du contenu des morceaux. Gravitron c’est « Poppers and Co », ouverture des voies de communication et cavalcade artérielle. Suffit de s’abandonner aux deux premiers titres « Sexecutioner » et « No Way Man » pour saisir l’essence de l’album. Déliés, riffs rock et sexy, basse monstrueuse, batterie furieuse, l’ensemble idéal pour faire groover le fiacre comme jamais. La voix subit un léger traitement « garage » quand elle intervient et insuffle une hargne supplémentaire collant de grands sourires au faciès. Mode selfie-jovial-ahuri à l’écoute de « Proto World ». The Atomic Bitchwax déroule donc du titre furieux et précis et deux titres précisément furieux avec « War Claw » et « Fuck Face ». Instrumentaux, rapides et directs comme un éjaculateur précoce, ces deux titres sont de l’énergie condensée, du stoner ovomaltine, qui en plus de huit secondes tout de même, vous explosent le colon par des solos et des breaks dévastateurs. Jouissif.

L’album ne se fait cependant pas monomaniaque car malgré la rapidité des morceaux, les structures s’acoquinent de complexité bienvenue et de traitement de production apportant de petites touches et couleurs différentes. On notera cette basse très « Red Hottienne » dans « Down with the Swirl », la présence d’une petite cowbell au détour d’un pont (on ne se refait pas), les angoissantes ambiances de « Roseland ». Du tout bon. Mis à part le dernier titre, « Ice Age », très school rock 90s et dépareillant un peu, Gravitron est un excellent cru.

L’écoute de doom prolongée n’est pas bon pour le teint et les muscles s’atrophient jusqu’à devenir une masse coulante d’angoisses marécageuses. Gravitron de The Atomic Bitchwax va te permettre de remodeler ton corps et tes envies primaires. Tu vas aiguiser ton sens de la danse et ton petit boule tout musclé fera des ravages. Du stoner comme on l’aime.

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