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Publié par Laurent Dès que le quatuor suédois a mis les pieds sur scène en ce début de soirée berlinoise, un peu crispés au début, on a compris que l’électricité ambiante ne trompait pas. Au fil des riffs fuzzés dispensés par LOWRIDER, le sourire a commencé à les gagner, et les bonhommes prenaient clairement un plaisir monstre à voir ce public d’aficionados louer leur talent trop longtemps disparu. Il nous est paru indispensable de coincer Peder, leur frontman, pour recueillir sa vision de cette expérience… et de l’avenir !!
Lowrider a disparu de la scène musicale pendant une dizaine d’années… Pourquoi vous êtes-vous arrêtés à l’époque ?
Et bien, en fait on ne s’est jamais vraiment séparés, techniquement, les choses se sont plutôt lentement délitées… Nous avions un second album en projet, Andreas (batterie) et moi avions même enregistré quelques démos dans cette perspective. Mais la vie, le travail, et tout le reste ont freiné cette dynamique. En plus on vivait dans des villes différentes, donc on répétait moins régulièrement. Petit à petit, on s’est aperçu que le groupe s’était en quelque sorte endormi. J’ai commencé à travailler dans une autre direction, et j’ai formé le groupe I ARE DROID comme vecteur pour cette musique. On a sorti deux albums avec ce groupe et on a fait pas mal de tournées. Au final les choses se sont développées en s’éloignant de Lowrider, mais nous n’avons jamais vraiment arrêté le groupe, comme tu l’as vu à l’occasion du Desertfest Berlin.
Peux-tu nous en dire un peu plus sur ton groupe, I ARE DROID ?
C’est un peu difficile à décrire, je dirais que c’est quand même plus “soft” que Lowrider, mais c’est quand même très proche je trouve. On dirait que quand je fais de la musique, tout repose sur des murs de grattes et de basse, au final (rires). Mais blague à part, si tu ne connais pas, tu devrais écouter.
Durant votre “absence”, est-ce que les autres musiciens ont continué à jouer ?
Non, les trois autres n’ont pas vraiment fait de musique. Mais au final ils n’ont rien perdu de leur talent. C’est tellement génial de jouer avec ces mecs, c’est un tel privilège de partager la scène avec eux… Ils sont mon passé, ont construit mon éducation musicale, et ils m’impressionnent toujours autant par leur jeu. On s’éclate tellement ensemble sur scène.
Pourquoi vous êtes vous reformés pour ce Desertfest ?
Il faut remercier Reece de l’orga du Desertfest [ndlr : par ailleurs guitariste du groupe STEAK] – en fait, sans lui ça ne serait pas arrivé. Il m’a envoyé un e-mail super sympa, il nous a quasiment supplié de nous re-former pour le Desertfest et a demandé s’il y avait la moindre possibilité que nous l’envisagions. J’ai appelé les gars, et certains d’entre nous ne nous étions pas parlé depuis 3-4 ans ! Mais ça n’a pris que 10 minutes pour prendre la décision de le faire !
Et êtes-vous réunis pour de bon maintenant ou bien était-ce simplement pour un concert événementiel ?
Il faudra voir. Nous faisons un autre concert cet été [ndlr : au Stoned From The Underground en Allemagne, le 13 juillet 2013], et on envisage peut-être de remettre ça cet automne ou cet hiver.
Peux-tu nous décrire tes sensations après ce concert au Desertfest Berlin ?
On s’est vraiment éclatés, on a halluciné, et surtout, ça nous a laissés très humbles et reconnaissants. Nos émotions et nos attentes augmentaient exponentiellement les semaines et jours avant de monter sur scène, et le retour que l’on a eu du public était si énorme, si massif, que l’on ne pouvait pas en croire nos yeux. On tient vraiment à remercier tous ceux qui sont venus au concert, ça nous a boostés pour une année entière ! C’était au-delà de tout ce que l’on peut imaginer en termes de plaisir. Quelle soirée !
Envisagez-vous d’enregistrer de nouveaux titres ?
Et bien, comme je te disais, on a au moins 3 ou 4 chansons qui datent de l’époque, qui étaient prêtes à être enregistrées. Il faut juste que l’on trouve le temps. Mais je te donne une info en exclu : on en parle entre nous, c’est sûr ! On est vraiment tous très excités à cette perspective.
Avec le temps, “Ode To Io” est devenu une pièce importante dans la courte histoire du stoner rock. Comment expliques-tu un tel phénomène, surtout lorsque l’on considère votre âge et votre “inexpérience” à l’époque…
Il est impossible de prévoir si les gens aimeront la musique que tu sors, et encore moins combien s’en souviendront treize ans plus tard. La quantité de passion que cet album a généré est au-delà de l’imaginable. Je ne sais pas quelle en est la raison. On a fait l’album que l’on voulait faire, on a mis notre cœur et notre esprit dedans pendant les trois semaines d’enregistrement. Peut-être que c’est ça qui ressort. Mais tu as raison, nous n’avions que très peu d’expérience du devant de la scène, même si nous jouions tous de la musique depuis longtemps. Nous avions chacun une expérience conséquente dans des groupes. On était jeunes, c’est vrai (surtout moi, je suis le plus jeune), mais on savait ce que l’on faisait. Nous ne sommes pas arrivés là par hasard. Andreas par exemple est toujours à l’heure actuelle l’un des meilleurs batteurs que j’ai jamais entendus. Et Ola est tout simplement un énorme guitariste, il est très sous-estimé, il est selon moi un nouveau Jimmy Page. Je suis simplement flatté de pouvoir jouer avec ces mecs.
Pour beaucoup de monde, Lowrider à l’époque était taxé de copier de Kyuss. Trouves-tu cela justifié, et penses-tu que ça vous a desservi ?
Quand Lowrider a commencé à se faire connaître, il n’y avait guère que trois groupes qui faisaient référence, et donc pour les gens vous sonniez forcément soit comme Kyuss, soit comme Monster Magnet, soit comme Fu Manchu. A l’époque je trouvais ça un peu fatigant, tu as raison, mais je le vois aussi comme un compliment de lier ainsi mon groupe avec un si grand groupe. Kyuss était, à mon avis, l’un des derniers très grands groupes. Un groupe solide, une unité libre comme l’air, où chaque membre avait sa place à part et sa propre voix ou sonorité, mais qui, lorsqu’ils étaient ensemble, ne ressemblaient à rien d’autre qu’à Kyuss : si tu retirais un élément du groupe, ça n’était plus la même chose. Il n’y a plus vraiment de groupes comme eux. Kyuss était l’une de nos plus grosses influences, et Ode To Io n’aurait jamais existé sans Kyuss, c’est un fait indéniable. Donc au final je m’en fiche que les gens nous associent à Kyuss, parce que d’une certaine manière ce n’est pas faux. Mais nous étions aussi un ensemble bien spécifique d’individus, une entité bien particulière, et nous le sommes d’autant plus aujourd’hui. Nous ne pourrions pas être Kyuss même si nous le voulions ! Nous sommes Lowrider, et nous sommes heureux d’être vivants.
Avril 2013 par Laurent
Publié par Laurent Roadsaw est devenu avec les années l’un des piliers de l’écurie Small Stone. Leur dernière galette éponyme se place dans la droite lignée de leur production, tout à fait emblématique du cultissime label de Detroit : un gros hard rock fuzzé efficace, blindé de compos impeccables. On a voulu en parler avec Tim Catz, bassiste du combo, et membre fondateur.
Si tu devais nous résumer la carrière du groupe en quelques mots…
Roadsaw est né à partir “du riff”… ce truc heavy et accrocheur à partir duquel le rock s’est construit… On est fiers de notre capacité à parvenir à produire les riffs les plus épurés et les plus efficaces possibles.
Vous vous êtes arrêtés il y a quelques années, pourquoi ? Et qu’est-ce qui a finalement déclenché votre retour sur les planches ?
Un peu comme tous les groupes qui existent depuis aussi longtemps que nous, arrive un moment où tout le monde est usé… On a donc fait nos trucs séparément, joué dans d’autres groupes (Quitter, Antler…). Et puis finalement on s’est rendus compte qu’on donnait le meilleur de nous-mêmes quand on était avec Roadsaw, donc on s’est remis ensemble, c’était naturel.
Vous avez aussi change de batteur il y a quelques années. Est-ce que votre line-up actuel est definitif, selon toi ?
Absolument. Ce n’est pas vraiment un poste facile d’être le batteur de Roadsaw, mais Jeremy est excellent. Et puis il est désormais dans le groupe depuis plus longtemps que ne l’a été notre batteur précédent, Har. Donc le plus dur est fait !
L’un des trucs qui m’impressionne le plus avec le son de Roadsaw c’est le fait que vous n’avez qu’un guitariste. Est-ce que ce n’est pas un frein pour jouer en live vos morceaux ?
A une époque on avait 2 guitaristes (Darryl Sheppard de Black Pyramid était notre premier guitariste)… Mais finalement on trouve que notre son est au top quand on a “de la place”, qu’on peut l’aérer un peu… Quand la basse, la batterie et la gratte peuvent jouer en fonction l’une de l’autre… Je me réfère toujours au Band Of Gypsies ou au “Live at Leeds” des Who, ce sont des références : c’est comme ça que tout groupe devrait sonner !
Et comment définirais-tu ce son à quelqu’un qui ne vous connaît pas ?
Je dirais que l’on vole le meilleur des groupes heavy des années 70. En gros c’est ça.
Peux-tu m’en dire plus sur l’artwork pour le moins étonnant de votre dernier album… C’est quoi ce singe spatial ??
Ah ah ! Ce n’est pas trop conceptuel en fait. Enfin si, un peu. Disons que c’est l’idée que l’on est de simples créatures dans un univers plein de choses fantastiques… et le fait d’être des rockers, on est par essence de simples primates, même si l’on essaye de faire passer des idées qui nous dépassent un peu, en quelque sorte…
Pourquoi avoir choisi Sean Slade pour produire votre album ? Il a certes produit quelques bons albums, mais n’a pas dans son tableau de chasse de vrais albums de rock avec un gros son…
Sean est un ami. Un esprit musical brillant. Il a une profonde connaissance de tout ce qui touché au rock, et il savait exactement ce que nous voulions en venant le voir. Tu as raison, en revanche, il s’est plutôt illustré sur des productions indie rock, mais au final c’est un vrai rocker, tu peux me croire. Par ailleurs, en toute honnêteté, après avoir produit tant de musique nous-mêmes, on a pensé que ça serait une bonne chose de solliciter quelqu’un qui ne faisait pas partie du groupe, c’est-à-dire quelqu’un dont les idées ne sont en aucun cas liées à l’attachement émotionnel ou l’avis personnel. Et je pense avec le recul que c’est notre meilleur album, probablement beaucoup grâce à ce choix de producteur.
Certes, votre son y est pour beaucoup, mais ce qui me paraît le plus marquant dans votre musique est l’efficacité de vos compositions. Comment arrivez-vous à ce résultat ?
En général, Ian [ndlr : Ross, guitariste] ou moi-même arrivons avec un riff ou deux, qui servent de base à construire les morceaux. Concernant les paroles, c’est soit Craig [ndlr : Riggs, chanteur], soit moi… C’est vraiment un effort collectif. Quand on débarque en studio, je dirais qu’on a composé 75% des titres. On utilise les sessions studio pour affiner les titres, les renforcer.
Vous avez déjà tourné hors des USA : comment qualifierais-tu les différences entre les publics que tu as pu rencontrer ?
Effectivement, en 20 années passées ensemble, on a tourné des deux côtés de l’océan… J’adore rouler dans tous les coins des USA, mais il y a quelque chose de bien différent chez les fans européens. Je pense qu’ils sont plus engagés, plus excités par le rock. Ils voyageront loin pour voir un super show, ils achètent tous les disques… Aux US, le public est généralement plus relax, passif, presque feignants… mais bon, nos fans sont géniaux, et ils viennent toujours nous voir !
Qu’en est-il de la rumeur qui annonce une tournée européenne en fin d’année ?
Écoute, ça serait super, on y réfléchit, je ne peux encore rien dire… Mais qui sait, on pourrait passer par chez vous à l’automne !
Mai 2012 par Laurent
Publié par Laurent Tia Carrera est bien un groupe atypique, qui a tout pour séduire les amoureux de bonne musique : des influences hard rock 70’s à foison, des talents de musiciens impressionnants, et une musique complètement basée sur le principe de jams improvisées à faire tomber la mâchoire… Un trio aussi remarquable devait bien un jour ou l’autre se retrouver dans nos pages, dont acte avec les sympathiques, passionnés (et passionnants) fondateurs de ce trio extraterrestre, Jason Morales (guitare) et Erik Conn (batterie).
Pour commencer, pourriez-vous nous dire quelques mots sur l’histoire du groupe ?
[Jason] Et bien tout a commencé il y a plusieurs années dans notre salle de répèt’ à Austin, on jouait tout et n’importe quoi, on jammait sur des trucs à la Hendrix, avec quelques plans à la Melvins ici ou là. Erik et moi avions joué avec plusieurs bassistes, mais un jour nous avons voulu faire un vrai concert, or nous n’avions pas vraiment de line up stable. On a alors parlé à Andrew [ndlr : Duplantis, premier bassiste du groupe] qui nous a dit être OK pour jouer le concert, mais n’avait pas vraiment beaucoup de temps pour répéter. Du coup, ce premier show s’étant super bien passé, nous avons décidé de continuer sur ce principe : pas de répét’, juste monter sur scène et improviser !
[Erik] En gros c’est ça, on cramait un ou deux joints, on ouvrait une bouteille de vin, et on jammait. A l’époque je craignais que les gens ne comprennent certainement pas ce que nous faisions et pensent qu’on se foutait de tout. Mais nous on ne voyait pas les choses autrement, on hallucinait de constater à quel point on s’entendait bien musicalement, et ce sans réellement “composer” de chansons. C’est dingue comme c’est libérateur comme sentiment…
J’ai toujours été très intrigué de votre nom, Tia Carrera, et évidemment du lien avec l’actrice Tia Carrere…
[Jason] Et bien… Je crois juste que c’était l’un de ces noms qui sonnaient bien. Je ne me souviens plus que nous y ayons beaucoup réfléchi, c’est sorti tout seul, ça paraissait évident. A l’époque, on enregistrait nos jams pour les graver en CD pour tous ceux qui en voulaient, et je donnais des noms différents aux CDs à chaque fois. L’un de ces noms était Tia Carrera, et c’est resté. Lorsqu’est arrivé le moment de jouer ce premier concert dont on te parlait tout à l’heure, c’est le nom que l’on a utilisé. Et sinon, oui, je te confirme, c’est complètement inspiré de la belle actrice !
[Erik] Je me rappelle même que quand Jason a gravé cette dernière série de CDs avec “Tia Carrera” écrit dessus, je me suis écrié “comme dans Wayne’s World ?!” [ndlr : l’actrice Tia Carrera tenait le 1er rôle féminin du film culte], mais je me suis aperçu qu’il l’avait écrit comme la Porsche, “Carrera”. Je me suis alors dit “génial, c’est cool et classe à la fois”. Je me souviens aussi, plus anecdotiquement, que quelques années plus tôt, une nuit quelque peu alcoolisée, nous avions discuté des heures durant du fait qu’un nom féminin pour un groupe de hard rock c’était super cool… Mais je ne suis pas sûr que ça vienne de là ! (rires)
J’ai été plusieurs fois confronté à la difficulté de décrire votre musique et votre façon d’appréhender les disques… J’en arrive toujours à parler plus de “ressenti” plutôt que de critères plus objectifs ou plus standards, ce qui déstabilise un peu les gens… Comment répondez-vous à cette question vous-mêmes ?
[Erik] “Ressenti”, ouais, ça me plaît bien, c’est beaucoup de ça. C’est un processus très intriguant que de monter sur scène ainsi, depuis plus de 10 ans, et de “composer” des chansons en direct. Les oreilles et l’esprit grands ouverts… Mais tu dois quand même vraiment maîtriser ton instrument, tu vois ? En général je dis aux gens que c’est du heavy metal instrumental improvisé, et on commence à discuter à partir de là (rires). On pourrait tout à fait jouer sur la même affiche que High On Fire ou The Black Angels, tu vois. En fait, on est un peu le chaînon manquant entre le “heavy” et ce que l’on appelle ces derniers temps le “psych rock”.
[Jason] C’est vrai que c’est dur à définir. Même si on a des composantes similaires à la plupart des groupes de rock actuels, notre approche est clairement différente. Très peu de groupes de rock improvisent live, ou ont les couilles de monter sur scène sans avoir répété le moindre titre. Pour moi, c’est le vrai challenge : le fait de ne pas savoir à l’avance ce qui va se passer rend tout ça bien plus intéressant. Je pense que je m’ennuierai à mourir si nous jouions sans arrêt des chansons identiques tous les soirs. En tout cas, pour compléter ce que dit Erik, je dirais qu’on joue du hard rock, heavy metal, stoner improvisé.
Tu disais avoir beaucoup de similitudes avec des groupes de rock contemporains, ça m’étonne, car j’entends très peu de sons “modernes” dans vos albums…
[Jason] De manière assez surprenante, même si mon style de jeu de guitare est très influencé par les plans à la Hendrix, provenant plutôt du blues, mon profond amour du heavy vient surtout du hardcore des années 80 et du grunge des années 90, en provenance de Seattle où j’ai passé mon enfance.
[Erik] Entièrement d’accord, nos influences sont vastes et très diverses, et surtout elles ne ressemblent pas du tout à notre musique : leur seul point commun est la musicalité et la qualité de composition… Je suis par exemple persuadé que The Jesus Lizard est l’un des plus grands groupes de tous les temps. Mais c’est aussi le cas de Zeppelin, et d’autres encore… Concernant les groupes récents, il y a plein de groupes incroyables dans notre région d’Austin, écoutez par exemple des combos comme Amplified Heat, Dixie Witch…
[Jason] En ce moment j’écoute beaucoup de jazz, mais je suis fan de High On Fire, The Champs, Big Business, Off! et plein de groupes locaux, comme Erik.
Je pense qu’après vous avoir écouté depuis tout à l’heure, on arrive mieux désormais à appréhender le contenu de vos albums. Mais si l’on doit aller plus loin, quelle proportion de votre dernier album, par exemple, était écrite avant de rentrer en studio, et quelle proportion a été improvisée ?
[Jason] Pour tout dire, le premier titre “Slave Cylinder” était ce qui se rapprochait le plus d’une chanson écrite. Elle avait été originellement enregistrée après les sessions de notre album précédent, pour atterrir sur un 7″ qui n’a finalement jamais vu le jour. On a décidé de l’inclure sur “Cosmic Priestess” au dernier moment. De mémoire, “Saturn Missile Battery” et “Sand, Stone and Pearl” ont été enregistrées en un seul week end. On avait enregistré une jam sympa le samedi, donc on l’a transférée en digital, et puis on a rembobiné la bande et enregistré par-dessus une version improvisée de “Saturn…”. Dès qu’on l’a réécoutée on a su qu’il fallait garder cette version. Le lendemain, on a mis une nouvelle bande et on a improvisé “Sand, Stone and Pearl”. Le dernier titre, “A Wolf in Wolf’s Clothing” avait été enregistré lui aussi sur une session précédente, c’était une autre impro, mais cette fois avec moi à la basse et Jamey Simms à la guitare.
Je comprends mieux maintenant mon ressenti à l’écoute de vos albums… Et lorsque vous montez sur scène, vous reposez-vous tout de même sur des structures connues de vos chansons ?
[Jason] Pas forcément, c’est essentiellement de l’impro. S’il ressort parfois des structures qui rappellent des chansons “normales”, c’est surtout lié au fait que l’on joue ces impros depuis très longtemps ensemble, il y a des plans qui reviennent naturellement de temps en temps, c’est obligé. Il y a d’ailleurs quelques jams dans notre set pour lesquelles on commence à avoir à l’avance une assez bonne idée de la tournure qu’elles vont prendre. Mais même dans ces cas, il y a toujours une large part de risque et de nouveauté sur chaque titre…
[Erik] Absolument. La plupart du temps on commence par ce que Jason appelle un “non-prévu”, c’est-à-dire, en gros, nous 3 qui entamons par un gros son de feedback “drone”, comme un orage qui gronde. Puis je lance les hostilités avec un beat hargneux, et on groove et on riffe dessus pendant tout le temps nécessaire pour atteindre Mars aller-retour, en gros, avant de terminer. Dans les faits ça dure 15, 20, 30 minutes… Tu prends des titres comme “Slave Cylinder” ou “Justin Bankston’s Manor”, évidemment on connaît ces riffs sur le bout des doigts, depuis le temps, mais nous n’avons jamais discuté du nombre de mesures à jouer, des moments où doivent intervenir les changements… Tu écoutes tes potes jouer et tu sais exactement quand ces changements doivent arriver… Tu vois ce que je veux dire ?
Oui, même si ça laisse songeur… Toujours sur votre dernier album, Jason, tu l’as enregistré toi-même, est-ce que c’est une volonté de contrôler au mieux le processus musical, sans interférence autre que vous 3 dans la salle ?
[Jason] En gros ouais… C’est surtout par confort en fait. Quand on jamme comme ça, c’est toujours mieux si l’on prend notre temps, que l’on écoute les enregistrements ensuite et que l’on décide entre nous ce que l’on aime et ce que l’on veut graver sur disque au final. Tu as certains de nos albums qui sont cools, mais pour lesquels on ne s’est pas pris la tête : en gros on est rentrés dans le studio, on a branché nos amplis, joué pendant 30-45 minutes, tout arrêté, et on s’est juste dit “ben voilà, on l’a notre album”…
[Erik] Je voudrais rajouter à ça que Jason est en réalité notre “arme secrète” dès lors qu’il s’agit de capturer notre son. On n’a pas vraiment besoin d’un “producteur” ou de quiconque qui nous dise comment on doit sonner. Il a une excellente oreille et une longue expérience derrière la table de mixage. Il sait comment on sonne et comment retranscrire ça sur une bande.
J’ai noté un récent changement de bassiste, pourriez-vous m’en dire plus sur le petit nouveau ?
[Erik] Il s’appelle Jamey Simms et ce n’est pas vraiment un petit nouveau : avant même que l’on ne se nomme “Tia Carrera”, il jouait déjà souvent avec nous. Il comprend bien l’esprit qu’il y a derrière l’impro musicale.
[Jason] C’est vrai, et à la base Jamey est un putain de guitariste qui avait déjà remplacé Andrew pas mal de fois sur scène pour nous dépanner. Andrew nous a quittés pour aller jouer au sein de Son Volt, et il est donc apparu logique que Jamey le remplace à plein temps.
[Erik] Andrew est toujours notre pote, mais il était toujours super occupé, pas aussi dispo que l’on aurait aimé, donc il est apparu logique de trouver quelqu’un de plus disponible. Jamey était super motivé pour rejoindre Tia Carrera.
Erik, comment décrirais-tu le duo rythmique que tu composes avec Jamey ? Sur album, on dirait vraiment que lorsque l’un de vous joue de manière plus “expansive”, l’autre assure une rythmique plus stable, basique, et vice versa. Est-ce réfléchi, ou bien simplement le fruit d’une entente parfaite entre vous ?
[Erik] C’est complètement automatique. Improviser c’est la liberté, point à la ligne. En fait, j’écoute surtout la mélodie des lignes de guitare de Jason, et je joue en fonction. C’est ma référence. Parfois c’est hargneux et agressif, puis d’autres fois c’est profond et plus planant, voire sexy. La guitare décide du ton de ce que je joue. Ensuite seulement, je me tiens en phase avec la basse en continu pour m’assurer que le groove est bien toujours présent. Et c’est honnêtement ainsi que chacun de nous fonctionne : il écoute les deux autres et adapte son jeu en fonction. En ce qui me concerne, c’est la manière la plus naturelle de faire de la musique : écouter et jouer, écouter et jouer. Tu l’as noté, on a un super feeling entre nous, notre son ne devient plus qu’un, dès qu’on se retrouve sur scène ou en studio. Je suis vraiment fier de faire partie de ce groupe.
Sur votre propre site, qui n’est malheureusement plus en ligne, vous aviez l’habitude de rendre disponibles des tonnes d’enregistrements live… Est-ce que cela résume bien votre mentalité concernant l’échange de musique ?
[Jason] Complètement : l’échange de fichiers a de tous temps été mon truc favori autour de Tia. Avant même que nous n’ayons un site web, j’enregistrais nos concerts et je gravais des CDs que je redistribuais dès le concert suivant… Dès que l’on a eu notre site, je tenais à rendre disponibles tous ces enregistrements. Aujourd’hui, par pure fainéantise, notre site a disparu, et ça fait des années que je n’ai pas enregistré l’un de nos concerts… Tu peux croire tous les trucs que l’on dit sur moi dans mon dos : je suis bel et bien vieux, défoncé et feignant !
[Erik] (rires) Soyons honnêtes, il n’est pas le seul feignant dans cette histoire… On n’a jamais eu le moindre management, promoteur ou quoi que ce soit du genre pour nous aider… Mais c’est vrai que Jason postait sans arrêt des enregistrements de concerts gratuits sur le site, c’était vraiment cool. Mais les années passent et… bla bla bla, tu connais la musique ! Il paraît qu’on s’améliore avec les années, tu parles ! (rires)
Pensez-vous que l’on aura l’occasion d’assister à une tournée européenne à court ou moyen terme ?
[Jason] Mec, j’adorerais tellement ça… La fois où on a fait le Roadburn, c’était le moment le plus excitant de notre carrière. On adorerait revenir vous voir, avec Dixie Witch par exemple, ou Sleep… Ouais, on jouerait bien en tournée avec Sleep !
[Erik] Ah ouais, ce serait un tel honneur… Peut-être qu’on devrait se mettre à implorer quelqu’un, je sais pas… Enfin, on ferait tout ce qui est en nos moyens pour ça, tu peux me croire…
Avril 2012 par Laurent
Publié par Laurent “The tomb” et “Misanthropic alchemy”ont été enregistrés au même moment il y a plus de 2 ans maintenant. Y a t il des raisons particulières à un tel délais entre lenregistrement et la sortie de “MA” ?
Tim: Certains d’entre nous ont eu des problèmes de santé à l’époque ! Et nous ne connaissions pas encore à ce moment là l’ampleur des dégâts
Adam : Nous sommes un groupe totalement indépendant et nous faisons ce que nous voulons quand nous le voulons. Cest vrai, nous aurions voulu sortir “Misanthropic alchemy” plus tôt, mais nous avons été contacté par plusieurs labels intéressés. Ceci, ajouté à une tonne de malchance, a reporté la sortie de plusieurs mois.
“MA” représente-t-il pour vous toujours votre état desprit actuel ? Ou bien auriez vous aimé changer certaines choses avec le temps ?
Tim: Tu ne peux pas changer une pierre tombale…
Adam : Je ne voudrais rien modifier. Cela a demandé tant defforts, de sang, de sueur et de larmes. Jaime réellement latmosphère de lalbum. Il raconte un vrai conte macabre. Un lourd parfum de la plus sombre revanche de Mère Nature flotte dans lair.
Jai lu que vous composiez essentiellement en jammant. Depuis 2 ans, vous avez dû continuer à pratiquer cet exercice. Peut-on présumer que de nouveaux morceaux sont déjà prêts à être enregistrés ?
Tim : Oui, nous avons un arsenal de riffs terribles pareils à une armée de cadavres émergeant de la tombe.
Adam : Nous avons déjà de quoi faire plus quun album mais nous sommes en train denregistrer autre chose dabord. Un disque différent dont nous avons déjà composé le premier titre en jammant, et qui est un véritable monstre. Nous allons continuer à jouer et enregistrer ces jams. Jammer est essentiel pour nous, cest comme cela que nous composons. Nous allons dailleurs continuer dans cette voie, lespace et les abysses, mais il y aura des blast beats
Que cherchez vous à procurer à lauditeur lorsquil écoute votre musique ?
Adam : Libre et défoncé, puis violé et tué en même temps.
Tim : Ecoute Ramesses et tu aura envie que les gens tombent comme des mouches, face contre terre.
La couverture de “MA” semble complexe et très détaillée, a t-elle une histoire particulière ?
Tim : Adam est le maître de lAlchimie, demande-lui !
Adam : Lor et largent représentent deux éléments essentiels de lalchimie… il sagit dune ancienne carte du microcosme et du macrocosme… notre univers… mais il saffaisse sur lui-même, mangeant sa propre queue… Omniversal Horror… personne ny échappera… cest une autre longue histoire que je peux commencer à expliquer ici… à lintérieur figure également une partie du pacte avec le Malin dUrbain Grandier, un prodigieux abominable français (prêtre accusé de sorcellerie et brûlé sur le bûcher). Il la écrit avec son propre sang. Nous lavons adapté à nos propres sombres desseins.
On sait que le nom de Ramesses provient dune film avec Elizabeth Taylor. En quoi et comment le cinéma tient il une place chez Ramesses ?
Tim : Les films dhorreur occupent une grande place de notre Ramesseum. Jaime particulièrement les films avec démembrement.
Adam : Le groupe a été nommé Ramesses suite au visionnage de “Ramesses II” plus connu sous le nom de “Ramesses the great”. Une vraie inspiration. Nous aimons tous les films dhorreur.
Avez vous justement quelques pièces favorites à nous conseiller ?
Tim: “The Satanic Rites of Dracula”, “Die Screaming Marianne”.
Adam: “The Wicker Man”, la plupart des vieux films de la “House of Horror” Hammer, dont la série télé, “Tales of the Unexpected”, ainsi que “Last House on The Left”, “XTRO”.
Pouvez vous nous raconter une journée type dans la peau des doomsters de Ramesses ?
Tim : se lever, prendre un “Lazy Susan” au petit déjeuner, et puis un peu de pudding au “Count grishnacht”.
Adam: être stone. Créer, art ou musique, toujours crade ou subversif. Eviter de se créer des problèmes.
Vous allez tourner bientôt, notamment pour la première fois en France, yeah ! Quel serait lendroit parfait pour faire jouer Ramesses ?
Tim : jattends impatiemment de jouer à Paris
Adam : Cest cool de tourner à nouveau avec nos frère dUnearthly Trance. Il plane toujours une atmosphère occulte quasi palpable quand nous jouons ensembles. Ca va être génial de jouer à Paris mais jaimerais jouer à Lyon un jour. Ce serait cool de revoir les mecs dOvermars. Nous jouerons partout où lon voudra de nous en France.
La scène doom connaît une véritable expansion, avez vous eu des coups de cur récents ? Des classiques ?
Tim: PENTAGRAM.
Adam: Je passe plus de temps à composer de la musique quà en écouter mais le meilleur nouvel album que jai entendu est le nouveau Mayhem, il est fantastique. Winter et Autopsy sont les seuls classiques. Point.
Quel est le taux en THC de Ramesses ?
Tim : “Ces amplis montent jusquà 11 !” (référence à Spinal Tap)
Adam : Fuck off ! HIGH! Nous sommes toujours défoncés. Je nai aucune idée de comment sonnerait Ramesses sans THC. Ca devrait être horrible. Jespère que cela narrivera jamais !
Merci davoir pris le temps de répondre à ces questions. En attendant de vous voir en France !
Adam : Merci. Keep up The Good Fight. Cheers. See you on tour. The Ram Family.
Publié par Laurent Avec un album live et un DVD sortis il y a quelques mois, et un nouvel album en prévision pour cette année, il nous a paru intéressant de solliciter Dandy Brown pour taper la discute sur tous ces sujets… Grand bien nous en a pris : non seulement le bonhomme est toujours aussi locace, mais il ne pratique pas vraiment la langue de bois ! Nous avons aussi souhaité faire le point sur des sujets abordés ensemble lors de rencontres précédentes…
La dernière fois que l’on s’est rencontrés, mi-2005, déjà tu me parlais du DVD de Hermano que tu préparais
Es-tu satisfait de ce DVD ?
Je suis tout à fait heureux de ce DVD. La tournée durant laquelle il a été filmé nous a tous vraiment profondément marqué, et je peux t’assurer que l’on ne l’oubliera jamais. Elle a vraiment renforcé les liens qui nous unissent tous. J’ai entendu ici ou là des gens qui regrettaient que l’on ne retrouve pas dans le DVD plus de débauche et d’orgies alcoolisées, et c’est sûr, je pense que ça n’éclate pas tout le monde de voir des gens normaux qui passent du bon temps en tournée. C’est sans doute parce qu’on ne se cassait pas des bouteilles ou des chaises sur la tête, que l’on ne détruisait pas des chambres d’hôtels, ou encore parce que l’on ne vomissait pas sur scène, que certains pensent que nous ne sommes pas assez “rock”. Je ne sais pas
D’un autre côté, je peux te garantir que ces gens là n’étaient pas dans les parages avec nous durant cette tournée, parce qu’on a pas mal fait la fête, je peux te le dire ! Et puis tu sais, certaines personnes peuvent s’enfiler un demi-litre de Jim Beam et se conduire quand même comme de vrais gentlemen ! D’autres se conduisent comme de purs connards après une gorgée d’alcool
J’imagine que ceux qui s’attendaient à plus de “débauches” sont plutôt habitués à cette seconde catégorie
Il semble que tout le monde s’accorde à dire que le documentaire sur le DVD est excellent, mais que le concert est trop court ! Pourquoi diable ne pas l’avoir mis en intégralité ?
Pour être 100% honnête, il y a des obligations contractuelles qui nous ont empêché de sortir le concert entier. En plus de ça, il y a une ou deux chansons qui ne sonnaient pas super bien sur les enregistrements audio. Maintenant, je trouve que si tu le compares à pas mal d’albums live sur le marché, il s’agit d’une collection de chansons qui représentent parfaitement Hermano dans son domaine de prédilection : les concerts. Pour la plupart des albums live, les groupes prennent des morceaux extraits d’une demi-douzaine de concerts différents, voire plus encore. Nous, nous avons jugé important de sortir un album live qui sonne comme une soirée particulière, parmi tant d’autres, mais en tout cas pas comme un best of de plusieurs concerts.
février 2007 par Laurent.
Publié par Laurent Quelques mois après la sortie de leur troisième opus, “Colors of the stone”, il était temps de donner la parole à ce groupe français hors norme. Et histoire de faire original, on a décidé de taper la tchatche avec Sam, leur bassiste, l’homme de l’ombre, derrière Marc varez… et on ne le regrette pas !
Première interview pour Desert-Rock, tu n’y couperas pas : peux-tu rapidement nous présenter Blackstone ?
C’est l’histoire de Blackstone, le projet d’un batteur, Marc Varez qui n’est pas ce qu’on peut dire un inconnu dans le milieu du Hard Rock, et qui compose un album rock (stoner rock dira t-on) en s’entourant de musiciens de sa connaissance ne venant pas specialement du Metal .
Un 2eme album sort, “The Hight Country”, où tout le monde compose, cette fois :Ian Kent écrit les textes en anglais, sa langue maternelle, joue de la mandoline, du slide, de l’harmonica en plus du chant lead, Olivier Jargeais s’occupe des guitares, moi de la basse et évidement Marc de la batterie. Et on sort notre 3ème album “Colors Of The Stone ” chez Brennus music…
Et voilà : on se retrouve quelques mois après la sortie de l’album, mais surtout de nombreux mois après la fin de son enregistrement… Peux-tu nous dire dans quel état d’esprit on se trouve quand sort enfin un album enregistré depuis si longtemps ?
Tu as raison, on a pris notre temps, c’est parcequ’on est plus exigeant, ça nous a permis aussi de prendre du recul … C’est vrai qu’il y a un décalage entre la création et la sortie commerciale d’un album, pour moi lorsqu’il sort, il ne nous appartient plus, on est deja dans le suivant, les musiciens sont des ingrats… Promis, la prochaine fois on ira plus vite !
Et ton état d’esprit actuel, quels échos as-tu eu sur l’album, es-tu satisfait de la façon dont il est perçu ?
Les réactions sont trés positives de la part du public en concert comme de la presse musicale, on reste libres artistiquement on est crédibles et respectés, c’est deja beaucoup. C’est sûr, on aurait aimé plus de visibilité…
Finalement, est-ce important ? Je veux dire : on a l’impression que Blackstone fait de la musque pour les musiciens de Blackstone, pour se faire plaisir, et que si ça plaît à d’autres, tant mieux, est-ce que cette perception te paraît proche de la réalité ?
De mon point de vue, un musicien, d’une maniere generale joue dabord pour lui dans le sens où il est sa première critique et son premier public. Nous, on est sincères dans ce qu’on fait et on a pas d’obligation, on fait notre cuisine pour se faire plaisir et pour la partager.
Comment le groupe appréhende-t-il sa façon de composer et d’enregistrer ?
Pour enregistrer, on a une methode, c’est tres simple : on compose chacun dans son coin, on met toutes les maquettes dans une grosse boîte et on s’ouvre une bonne bouteille de scotch, le dernier qui reste debout choisit (rires). Plus serieusement,tout le monde compose et on choisit celles qui nous touchent, on se connait bien et on se fait confiance après, la façon d’écrire est sans doute differente pour chacun d’entre nous, pour ce qui me concerne, c’est tres spontané, c’est l’inspiration du moment…
Comment situes-tu les influences du groupe ? On a le sentiment d’un tel maelstrom musical, qu’identifier des sonorités connues n’est pas facile. On pense tour à tour à des groupes de rock 70’s, à du rock sudiste presque, à des musiques orientales …
Bizarement sur ce 3ème album, on a recentré tout ça tout en étant plus ecclectiques dans le choix des titres. Ca peut paraître contradictoire au premier abord. Le côté rock sudiste c’est sans doute les sonorités country music melées au rock, ça fait partie de nos influences, c’est vrai, et tous ces groupes mytiques des 70’s également, mais il y a encore bien d’autres choses… On a appelé cet album “Colors Of The Stone” parce que ça symbolise les multiples facettes de la pierre comme un groupe pourrait avoir aussi de multiples facettes. C’est notre coté mineral ça ! (rires)
L’oriental nous vient plus du folklore Irlandais cher à Ian et partagé du Chaabi Algerois, on y retrouve quelques similitudes. Tu dois faire allusion aux deux premiers albums où nous avions un percutionniste/choriste Algérien qui nous avait suivi sur une tournée.
Au final, comment décrirais-tu le genre musical de Blackstone à quelqu’un ?
On nous a defini comme un groupe de stoner, ça ne nous derange pas, loin de là et on l’assume sans probleme, mais c’est un peu réducteur, on est bien plus ouvert que ça…
C’est vrai que j ‘ai moi-même du mal à vous caractériser musicalement, de manière “claire”. Si c’est une volonté du groupe, ne trouves-tu pas qu’il s’agit aussi d’un risque commercial ? Le marché dela musique est clairement constitué de genres, d’étiquettes, et se positionner à cheval sur ces étiquettes vous prive d’une bonne part des auditeurs potentiels, non ?
C’est ça la sincerité dont je te parlais. Blackstone s’adresse aussi à un public saturé de musique formatée, et il est nombreux. On garde la maîtrise de nos productions, on est indépendants et libres, on se fiche pas mal des étiquettes.
Comment appréhendes-tu ton jeu de basse pour un album de ce type ? Est-ce que l’idée au niveau de ton jeu est de maintenir une cohérence, notamment rythmique, ou bien d’expérimenter des styles de jeu différents pour chaque chanson ?
Sur certains titres de “Colors…” comme “Push me Pull You” ou “The Dogs” la ligne de basse est à l’origine de la composition. Lorsqu’on travaille en studio j’adapte la basse au feeling, parfois Marc a deja posé une ligne, je m’en inspire, et si le titre l’exige je joue plus ternaire, sans tabou musical. La cohésion basse-batterie est trés importante, on peut jouer de façon très subtile, voire un peu groove, et faire la guerre avec du gros son à la disto, du moment que le feeling est là… Blackstone c’est une main de fer dans un gant de velour (rires).
Pour revenir sur ce manque de cohésion “de genre”, j’ai noté lors de mes écoutes de l’album la grande variété de chansons de genres différents entre elles, allant de la balade acoustique jusqu’au morceau hard rock le plus énergique. Est-ce que l’on peut dire que chaque musicien pousse dans un certain sens et que donc l’album est à l’image de ses individualités, ou bien est-ce que tout le groupe est à fond dans tous ces styles ?
On fusionne et on s’influence mutuellement, on n’impose pas ses références aux autres et si tu regardes bien qui fait quoi sur la pochette, tu remarqueras que les compositions ne sont pas spécialement attribuées à ceux qu’on pense en écoutant les titres. C’est tout le contraire d’un travail d’individualité. Sur le 2eme album “The Hight Contry” j’ai écrit “Lies”, un des titres les plus country de Blackstone, et pourtant c’est plus la sensibilité et la culture de Ian. Marc compose de magnifiques ballades acoustiques alors qu’il est plus connu comme un batteur de Hard. C’est spontané, bon pour sa propre culture musicale et bien plus généreux. C’est un vrai bon groupe et on est au service de la musique, on n’a pas de problèmes d’égo .
J’ai eu le sentiment en écoutant l’album qu’il se décomposait en 2 “étapes”, la première assez rock, et la seconde plus “relax”… Est-ce une volonté ou bien une coïncidence ?
On a voulu un décollage puissant et un atterrissage en douceur, tout pour faire un bon voyage (rires).
De quoi est constitué le présent pour le groupe, et le futur ?
On a un gig acoustique sur France Inter qui a beaucoup plu, quelques concerts notement un au Hardrock Café en Mars à Paris, on prépare le prochain album et Ian sort le sien, ça s’appelle “Ian Kent And The Immigrants” et c’est vraiment bien.
Qui devrait acheter ton album ? Que lui/leur dirais-tu pour qu’il/ils le fasse(nt) ?
Tout le monde, ça devrait meme etre remboursé par la sécu et reconnu d’utilité publique parceque c’est bon pour ce qu’on a …
février 2007 par Laurent.
Publié par Laurent L’album éponyme de RBO nous mis une vraie petite claque, lors de sa sortie il ya quelques semaines. On n’y a donc pas réfléchi à deux fois avant de demander une interview au groupe. L’occasion nous fut donc donnée de discuter avec David Jacob, bassiste du groupe et l’un e ses membres fondateurs. Un véritable mordu de musique, un passionné qui nous a convaincu sans mal de l’honnêteté de la démarche du groupe et de sa musique. On n’en attendait pas moins !
Pour commencer, peux-tu nous résumer rapidement l’histoire de RBO, votre rencontre, etc
?
En fait il s’avère qu’avec Lol, le chanteur, on se connaît depuis quelques années, depuis le début des années 90, disons. On a monté un groupe ensemble qui s’appelait P-Vibes, sur Paris, qui était un groupe de rock-fusion, assez proche de ce qu’on fait avec RBO, parce qu’on considère finalement que Royal Bubble c’est un peu la continuité de P-Vibes… Donc on se connaissait depuis que je jouais dans P-Vibes à l’époque, jusqu’à ce que je rejoigne Trust, tout simplement. Puis on s’est retrouvés, avec Lol, il y a un peu plus de deux ans, on a dit “on remonte un groupe ensemble ?” et j’ai dit “OK”. Et voilà, c’est reparti !
Et pourquoi ne pas avoir tout simplement reformé P-Vibes et continué sous cette forme ?
Parce qu’on voulait partir sur de nouvelles bases, tu vois, c’est une nouvelle histoire, une nouvelle aventure. C’est la continuité de notre rencontre, à Lol et moi, mais en fait c’était quand même une nouvelle aventure musicale
D’où vient le nom du groupe ? C’est plutôt original dans le genre, c’est mûrement réfléchi ou c’est juste un délire
?
Voilà, exactement, c’est un délire, et je te promets que pour la première fois c’est un nom de groupe qui est venu très très vite ! D’habitude on se torture l’esprit pour trouver un nom de groupe, et là c’est arrivé très rapidement ! On voulait à l’origine un nom composé, et il s’avère que “RBO” ça sonne bien, tu vois
Donc voilà !
Parlons de toi quelques instants : tu me disais que tu avais arrêté P-Vibes pour rejoindre Trust pour leur reformation, mais, depuis, on n’a plus trop entendu parler de toi, en tout cas plus sur des medias “grand public”
Qu’est-ce que tu as fait depuis ?
Oh mais il s’est passé un paquet de choses quand même, même si c’est vrai que j’ai tendance à me faire assez discret
J’ai continué avec Manu Lanvin pour qui j’ai bossé sur 2 albums et pour qui j’ai co-réalisé le 2 ème album, il y a eu aussi l’album de La Grande Sophie et l’album de Doc Gynéco sur lesquels j’ai joué aussi, Melissa Mars parce que je bosse beaucoup avec mon vieux frangin Franck Langolff
Et puis surtout un paquet d’albums que j’ai réalisés, comme l’album d’un artiste stéphanois qui s’appelle Pascal Descamps, et là je suis en plein mix du prochain album de Djamatik, l’ex Neg’Marrons, que j’ai réalisé
Et puis Royal Bubble ça me prend pas mal de temps aussi, tu vois, on peut dire que ces dernières années ça n’a pas chômé !
David dans Trust, à l’époque… (à gauche)
Comment décrirais-tu le style musical de RBO ?
Et bien je dirais tout simplement que c’est du rock. Après, j’ai toujours eu un peu de mal avec les qualificatifs qu’on met derrière le mot “rock”
On va dire que RBO c’est un groupe de rock, tout simplement, avec des mecs qui ont envie de faire de la musique ensemble, en gardant le style qu’on avait quand on avait 14 ans, lorsque l’on a décidé à un moment donné de faire de la musique, c’est à dire jouer avec des potes en groupe
Même si on a des influences diverses, au sein du groupe, c’est surtout l’histoire d’un groupe qui veut faire de la musique sans “vouloir faire comme
”, RBO fait de la musique, c’est pas compliqué. Je reconnais que c’est un problème auquel on est confrontés : on a du mal à nous classifier véritablement
On est un peu proches des Red Hot dans notre façon de concevoir les trucs, parce qu’aujourd’hui, les Red Hot c’est même très difficile de pouvoir les classifier. Royal Bubble c’est un peu pareil, finalement, dans le principe
Tout ça est très lié, est-ce que les influences du groupe sont “collégiales” ou bien est-ce que RBO est plutôt la somme de multiples influences individuelles ?
Il y a des groupes qui font l’unanimité dans Royal Bubble, quand tu mentionnes Led Zeppelin, par exemple, on est tous d’accord, parce qu’encore une fois ça rejoint la musicalité : des mecs qui sont tous ensemble, qui ne se posent pas de question et qui font de la musique. Pour RBO, c’est plutôt un état d’esprit
C’est plutôt une question de démarche, finalement, plutôt que simplement des influences musicales ?
Ben voilà, c’est ça, nous on ne se prend pas la tête, mais ça ne nous empêche pas de continuer notre histoire, tout comme un groupe de rock le faisait dans les années 80 ou 70 : on fait notre truc tranquilles, on se pose pas de questions
Au moment de composer les morceaux et d’enregistrer l’album, comment as-tu envisagé ton jeu de basse pour RBO ? As-tu essayé de suivre une ligne ou un style homogène sur tout l’album, ou bien as-tu essayé de t’adapter à chaque chanson ?
C’est plutôt ça, oui : on a eu une démarche plus spontanée, lorsque l’on compose je ne pense pas à la ligne de basse en priorité
Tu n’as pas eu par exemple un modèle, un type de jeu que tu as essayé de suivre sur tout l’album ?
Non, parce que finalement, notre démarche a toujours été la même : on a ces influences, mais on voulait avant tout faire notre propre truc. Sur Royal Bubble, on s’est vraiment focalisé sur les chansons, on voulait avant tout faire des chansons. Après, ce qui peut-être rigolo (et tu peux te réécouter l’album dans cette optique, tu verras), comme on a voulu l’enregistrer comme des puristes, ensemble, en live, sans se prendre la tête, tu remarqueras que la basse c’est un peu une main gauche d’un clavier, et la guitare c’est une main droite d’un pianiste ! Donc quand tu écoutes Royal Bubble, le mec il est en train de jouer, c’est pas plus compliqué, et il y a une voix et un batteur qui joue derrière, la démarche est minimaliste : il y a cette sensation de simplicité, sans se creuser la tête
Alors c’est très simple dans la démarche, mais bon, après, pour faire, c’est une autre histoire !
Parlons un peu du chant, sans aborder la voix bien particulière de Lol Nico, pourquoi avoir choisi le chant en anglais ? Vous êtes tous français dans le groupe, non ?
Ouais, et pour tout dire Lol est même d’origine catalane, ce qui explique que l’album existe en version espagnole
Le chant en anglais, c’est parce que l’on veut pouvoir s’exporter, et qu’avec l’anglais c’est beaucoup plus facile. Avec Lol, ça fait un paquet d’années qu’on se connaît, et pour avoir plusieurs fois essayé de chanter en français, on retombe toujours sur les mêmes problèmes : “ça sonne trop comme ci, ça sonne trop comme ça”
J’ai entendu Bernie (Trust), il avait un style très particulier, après tout de suite quand on chante en français, tu vois
on pense à lui ?
Voilà , hahaha ! Il l’a fait très très bien dans son style de musique, mais depuis, quand sur une musique un peu énervée ça chante en français, ça fait penser à lui, quoi
Et ça, ça a déjà été fait.
C’est Marc Varez qui a enregistré la batterie sur cet album, mais il a quitté le groupe depuis. Peux-tu nous dire pour quelles raisons il est parti, et en profiter pour nous présenter son remplaçant ?
Marc avait d’autres objectifs, d’autres perspectives, même. Il avait d’autres ambitions, d’autres choses à faire, on ne voulait pas le retenir, tout simplement. Après, le choix du batteur s’est porté sur Rodolphe Perroquin, que j’ai rencontré pour avoir joué avec lui avec Ilene Barnes, une artiste américaine. Ca s’est très bien passé, et il s’est très bien intégré dans le groupe. Et voilà, le prochain album sera avec Rodolphe Perroquin, c’est clair !
L’album a été enregistré il y a un an et demi environ, pourquoi avoir attendu tout ce temps pour le sortir ?
Tout simplement parce qu’il fallait trouver les bonnes personnes, encore une fois c’est une question d’état d’esprit. On aurait toujours pu avancer différemment, le sortir plus vite, mais on voulait prendre notre temps, pour nous il n’y avait pas d’urgence. On en voulait pas faire un “one shot” avec Royal Bubble, on veut vraiment que ça dure le plus longtemps possible. On a eu des problèmes de distributeurs, des problèmes de maisons de disque, dans le genre où tu signes le lundi et le mardi c’est plus la même personne qui s’occupe de toi
Bref, le temps que tout ça se mette en place, le temps que la promo se mette en place petit à petit, l’histoire du changement de batteur qu’il fallu régler
Et puis tu sais, organiser la promo pour un groupe de rock, en France, qui chante en anglais, ça va prendre un peu plus de temps, on en était conscients. Donc on a préféré prendre le temps de faire les choses bien, plutôt que de bâcler le travail, voilà.
Et qu’est-ce que vous avez fait, en tant que groupe, pendant tout ce temps ? Et les prochaines étapes, c’est quoi ?
On a beaucoup répété, on a fait quelques concerts, et là on est en train de penser aux prochaines compos, évidemment ! Quoi qu’il arrive, il y aura un album qui se fera très vite. On a aussi une tournée qui se prépare pour la rentrée, des concerts sur les mois à venir. On va apporter des nouveaux titre dans notre set pour les gens qui sont déjà venus nous voir et qui connaissent l’album.
Est-ce que tu es satisfait des retours que tu as eus jusqu’ici sur l’album, la façon dont il a été reçu ?
Et bien moi je suis content, il y a un bon feedback. Ca se passe même mieux que je ne pouvais l’espérer. C’est vrai que le chemin a été difficile, mais il y a un bon retour. Les gens sont agréablement surpris d’entendre un groupe comme ça, et encore plus quand ils viennent nous voir sur scène.
Comment vois-tu RBO, en tant que groupe : est-ce plutôt un “super-projet” à durée de vie limitée, un groupe parallèle pour chacun de vous, votre groupe prioritaire
?
Il faut que tu saches que c’est mon projet prioritaire, RBO. C’est ce que je répète souvent à mes frangins : voilà, j’arrive à 40 balais, je fais 40 ans cette année, c’est mon premier projet, ma première aventure personnelle, ça n’a rien à voir avec un projet comme Trust, par exemple
C’est en quelque sorte le premier projet dont tu sois à l’origine
Ouais, c’est un projet très intéressant, et ça rejoint une question que tu me posais tout à l’heure : il y a des groupes comme Trust qui sont un peu des locomotives. Je n’ai pas la prétention de dire que RBO est une locomotive, mais j’espère que RBO va pouvoir redonner envie à des gamins de jouer de la musique sans se prendre la tête, de pouvoir se rendre compte qu’on peut faire des chansons sympa, qu’on peut faire des albums rapidement
Qu’ils viennent nous voir sur scène pour s’apercevoir qu’on peut faire de la musique, leur donner envie de jouer des instruments
C’est un projet ambitieux, et pourtant il n’y a rien de compliqué. Il faut qu’on parte sur la route, tout simplement, et c’est ce qui est en train de se passer : il faut aller au devant du public, parce que la vérité elle est là. La vérité, c’est pas de rester enfermés en studio et de faire des albums, c’est d’aller voir le public. C’est pour ça qu’on est en train de travailler et qu’on a hâte de partir sur la route !

Parle-nous un peu de cette reprise de The Cure, “Lullaby”, que l’on retrouve sur l’album : The Cure n’est pas vraiment un groupe que l’on retrouve généralement en tête des influences des groupes de rock
C’est pas a priori un groupe dans notre style, c’est clair, mais la chanson est sympa, voilà. Je sais pas, on aurait pu reprendre un titre du répertoire français, pourquoi pas, tu vois
C’est le guitariste, Alex, qui nous a suggéré ce titre. On l’a joué et tout de suite c’est arrivé, on se l’est bien approprié. On en a fait une reprise personnelle de RBO, je la trouve très fraîche, ça correspondait bien à ce qu’on avait envie de faire et d’entendre, et le titre rentrait très bien dans le set de l’album, on kiffe toujours à le jouer sur scène, et voilà ! Je trouve que c’est un groupe qui a sa place dans la scène actuelle, ils font toujours de bonnes chansons
Souvent on attend qu’un artiste soit mort pour reprendre ses titres, faire des versions hard-rock ou autre
C’est un peu cliché, alors que eux sont toujours là et font de bonnes chansons. Et sur le prochain album il y a aura certainement encore une reprise un peu “bizarre”, comme ça.
Pour finir, je te laisse la parole, comment décrirais-tu l’album de RBO et votre musique en général, si tu devais inciter nos visiteurs à l’écouter ?
Je dirais : “à l’ancienne”, on a fait un album artisanal, franc et rock, voilà. C’est un album qu’on a fait parce que c’était ce qu’on avait envie d’entendre ! Je crois que c’est un petit moment de fraîcheur, un petit moment de bonheur, il y a 12 chansons, ça passe tout seul, ça passe très très vite
Voilà, c’est un petit moment de rock, une petite bulle de fraîcheur, c’est pour ça qu’il faut l’acheter, cet album
avril 2006 par Laurent.
Publié par Laurent On avait entendu quelques titres sans trop y croire, ce super groupe suédois renaissant des cendres des tristement disparus Demon Cleaner. Et puis ils ont déboulé, signés par les excellents Daredevil Records, avec “Vol. 1”, un album péchu et bien sous tous rapports, un de ces albums que l’on écoute en boucle avec le sourire; Pour nous en parler, petite discussion avec Snicken, leur gratteux.
Peux-tu pour commencer nous en dire un peu plus sur StoneWall Noise Orchestra, comment est né ce groupe, d’où vous venez…
Depuis la fin de Demon Cleaner, Jansson (ndlr : 2ème gratte) et moi avions en tête de recommencer quelque chose. Pillow (ndlr : batteur de SWNO) nous avait rejoint sur la dernière tournée de Demon Cleaner et avait vraiment assuré, il était donc partant avec nous. Jonas et Singe traînaient autour du groupe depuis plusieurs années, tu sais, on se connaissait bien, ils étaient toujours dans les parages : on est tous de vieux potes, on vient tous de cette superbe ville industrielle de Borlänge… Bref, tout s’est déroulé de manière très naturelle.
Beaucoup de nos visiteurs sont de gros fans de Demon Cleaner de Greenleaf, peux-tu nous dire où en sont vraiment ces deux groupes à l’heure actuelle ? Est-ce que c’est vraiment terminé ?
Greenleaf n’a jamais été qu’un projet, qui a pris vie le temps d’enregistrer quelques chansons, et surtout à chaque fois qu’on a eu du temps pour ça. Les mecs de Dozer sont assez occupés, donc tu imagines que c’est pas facile. On peut donc dire que c’est un projet en stand-by, pas vraiment mort, mais pas vraiment actif non plus ! Par contre, Demon Cleaner n’existe plus, ça c’est sûr. Martin se concentre à fond sur Dozer (ndlr : Martin est le boss du label Molten Universe, sur lequel est signé Dozer), et tous les autres on a nos propres projets qui vivent et évoluent. Mais bon, tu sais, il n’y a aucun drame là-derrière ! On est tous super bons potes et on passe encore de super moments tous ensemble à boire des bières dès que l’occasion se présente !
Du coup, comment est-ce que tu envisages SWNO vis à vis de ces autres expériences ? Un autre de vos projets, ou bel et bien un groupe à part entière ?
Sans hésitation, un vrai groupe. Mais c’est aussi un projet pour le fun ! En fait, on essaye autant que faire se peut de combiner les deux. On veut vraiment que ce groupe soit l’opposé d’un group prétentieux, on ne veut obéir à aucune règle, à aucune contrainte. Tant qu’on s’éclate à le faire, on continuera, tu peux me croire, c’est pas plus compliqué… et pour le moment, on adore ça !
Cool, parce que le titre de l’album, “Volume 1”, suppose qu’il sera suivi d’autres disques… Avez-vous déjà pensé aux suivants ?
Et bien, il y aura d’autres albums, ça c’est sûr, mais quand ? Ca je ne sais pas dire. On joue un peu avec quelques idées ces temps-ci, mais tout n’est que dans nos esprits pour le moment, rien n’est enregistré ou figé. C’est dur d’ailleurs d’y réfléchir, de dire ce qui sera différent dans notre prochain album. A mon avis, on se penchera dessus au moment venu, et on verra bien où ça nous mène, c’est certainement la manière la plus naturelle et honnête de faire. On n’a vraiment aucune stratégie !
Concentrons-nous sur l’existant alors, ce “Volume 1”, comment le décrirais-tu ?
Sacrément spontané ! On a squatté le studio d’un pote, on a branché nos instruments, essayé quelques trucs, jammé un peu et on a juste enregistré tout ça. La plupart des chansons ont été composées là-bas, directement dans le studio. Je pense que ce disque donne aux gens une bonne idée de ce que fait le groupe, c’est une bonne présentation de SWNO. Je pense qu’il est assez évident qu’on est influencés par le heavy-rock des années 70, je ne vais pas te faire l’offense de le cacher (hahaha), mais on essaye d’y ajouter notre touche personnelle. J’imagine que notre musique est le fruit de ce que l’on écoute depuis des années, je ne sais pas. On se voit de toute façon essentiellement comme un groupe live, je pense sincèrement que c’est sur scène que les chansons prennent vie.
J’aimerais revenir sur ce que tu disais, sur la musique que vous écoutez, sur vos influences pour cet album…
Déjà, je ne peux parler que pour moi-même. Je pense qu’on est influencé par ce qu’on écoute depuis l’enfance, ça fait donc un sacré paquet de trucs ! Tout ce qui me transporte dans la bonne direction, ça peut être un peu tous les genres, du vieux blues au punk rock, ou même les nouveaux groupes metal. Ca dépend franchement de l’humeur, mais ça peut aller des Beatles à Cream, des Pink Floyd à Mark Lanegan, de Brant Bjork à QOTSA, de Turbonegro aux Sex Pistols, de Monster Magnet à Tool… Tu vois, je peux continuer comme ça sans fin !! Hey, tu vois, par exemple, je viens de dégoter quelques vieux Hawkwind récemment, c’est un pur trip, tu peux me croire !
Que penses-tu du “stoner”, de l’étiquette elle-même, de la musique à laquelle on l’associe… Tu t’en sens proche ?
J’imagine que ça peut en partie être rapproché de notre musique, absolument, et ça ne me pose pas le moindre problème ! Le genre stoner est surtout comme un organisme d’amoureux de musique, quelque chose d’honnête, d’authentique, un truc qui doit à tout prix être maintenu en vie. Sans ce type de genres musicaux, la musique serait avalée toute crue par tous les clones de merde mainstream…
Quand j’ai rédigé la chronique de “Volume 1”, je me suis fait la réflexion que même si vous n’inventiez pas de nouveau genre musical, même si l’ensemble n’était pas d’une originalité révolutionnaire, l’album se distinguait quand même par la qualité des compos et l’honnêteté de l’ensemble. Est-ce que tu préfèrerais que les gens voient quelque chose de complètement nouveau dans votre musique ?
Non, pas du tout, c’est une excellente description, merci ! On sait très bien qu’on ne fait rien de très nouveau, mais si on peut simplement ajouter notre atmosphère propre, notre touche, un peu de notre état d’esprit à l’ensemble, on est satisfait. Et honnêtement, je pense qu’on y arrive. C’est vraiment le genre de musique que l’on adore, alors pourquoi se forcer à jouer autre chose, à contre coeur ?
SWNO est un groupe 100% suédois, et il reste un mystère avec les groupes suédois que je ne suis jamais arrivé à éclaircir. Il y a des dizaines de super groupes en provenance de ce pays, on ne peut le nier, et pourtant, à chaque fois que j’en rencontre un, ils me disent à quel point ce pays craint, qu’il n’y a pas de clubs où organiser des concerts, pas e labels pour signer les groupes, etc… Quelle est ta vision des choses ?
Et bien c’est exactement ça ! La suède est vraiment un pays ennuyeux, pour tout ça. Il y a plein de super groupes, mais la plupart du temps ils doivent partir à l’étranger pour jouer. Je trouve que les clubs ici n’ont pas assez e cran pour devenir des clubs 100% rock. Ils passent leurs trucs disco/mainstream, et ils se disent “hey, y’a plein de monde, quand on passe cette musique”. Et pourquoi, trouduc ? Parce que les gens n’ont aucun autre endroit où aller !! Bien entendu je ne parle pas de tous les clubs en Suéde, il y en a des très cools, mais il n’y en a qu’un sur 100 qui vaille la peine… Les meilleurs concerts que tu peux faire en Suéde, à mon avis, sont soit des shows privés, soit des concerts pour des clubs de bikers. J’adore les concerts à l’étranger, les gens qui y viennent sont vraiment à fond dans la musique, et tout est plus libéral.
Parle-nous des concerts ? Vous partez en tournée en Europe, c’est une expérience dont peu de groupes suédois peuvent se targuer, comment y êtes-vous parvenus ?
(il chantonne la chanson des Beatles) “I get by with a little help from my friends”… Sérieusement, on a beaucoup travaillé pour en arriver à ça, on a utilisé tous les contacts qu’on avait. Jochen, le boss de notre label Daredevil records, nous a énormément aidé, et plein d’autres fans de musique un peu partout nous ont donné un coup de main. Merci à tous !! On ne demande pas beaucoup d’argent pour jouer, tout ce que l’on demande c’est d’avoir un toit pour dormir et de l’essence dans notre van pour aller jusqu’à la prochaine salle de concert. Avec ça on est heureux ! Jouer live est ce que l’on aime le plus, la joie que ça te procure mérite tous les sacrifices que tu fais, tout le boulot qu’il y a derrière chaque concert. On s’est démerdé pour avoir un tourneur pro (Rock This Town), envers qui nous sommes aussi très reconnaissant. Ils nous font gagner beaucoup de temps.
Pour finir, que dirais-tu, en une phrase, pour convaincre quelqu’un de venir vous voir jouer ou d’acheter votre skeud ?
Venez au concert, tapez-vous une ou deux bières, et appréciez tout simplement ce moment autant que nous, parce que c’est ça qui nous botte ! Ensuite achetez l’album, rentrez chez vous et refaites exactement la même chose ! Et merde, ça fait 2 phrases, il faudra que tu mettes de virgules, OK ? hahaha.
octobre 2005 par Laurent.
Publié par Laurent Alors, stoner, pas stoner ? Ouais, bof. ca vaut le coup de se prendre la tête ? Le fait est que Mastodon doit une bonne part de sa notoriété à une “fan base” très proche des fans de stoner. Plutôt que de chercher à savoir pourquoi, autant en profiter ! Par ailleurs, quand le groupe est aussi talentueux, et rencontre un si grand succès (avec son dernier album “Leviathan”), il faudrait être stupide pour leur tourner le dos ! Loin de nous cette idée donc, quand on a demandé à discuter un peu avec le groupe. C’est le batteur Brann Dailor qui se propose de répondre à nos questions, véritable leader du groupe, un musicien sympathique, passionné et intelligent. Rare !
Cela ne fait même pas un an que “Leviathan” est sorti, et pourtant il s’en est passé des choses dans le petit monde de Mastodon depuis ! Peux-tu nous dire quel est ton sentiment aujourd’hui sur cet album et le succès qu’il a rencontré ?
Je suis pleinement satisfait de l’album, je l’étais déjà lorsque nous l’avons enregistré, et je peux te dire que je l’adore toujours à l’heure qu’il est ! C’est un peu comme le “gravy” (ndlr : sorte de sauce bien américaine servie traditionnellement en accompagnement de viandes
), tout le monde semble aimer ça ! Hahaha ! Ben là c’est pareil : on dirait que tout le monde aime l’album, public et critiques, et ça fait forcément plaisir ! Ca me rend d’autant plus impatient d’entrer à nouveau en studio ! Je n’ai plus qu’une envie c’est de retourner enregistrer de nouveaux titres, faire quelque chose de neuf
Et ça sera quand ?
Je pense qu’on rentrera en studio à la fin de l’année. On commencera probablement à composer à partir de septembre je pense.
Vous n’avez encore composé aucune chanson, à l’heure qu’il est ?
Si, en fait on a déjà des petits bouts de chanson, des riffs, des choses comme ça, mais il faut qu’on se retrouve tous autour de ça pour en faire de vraies chansons.
Donc tu n’as pas encore d’idée sur quelle sera l’orientation du nouvel album, quel son il aura ?
Non, pas vraiment. Tu vois, on va vraiment prendre les choses comme elles viennent, petit à petit, sans se prendre la tête : on a toujours fonctionné comme ça, on va pas changer maintenant ! On va simplement se retrouver tous ensemble, et on va partager des idées. “Hey, tu aimes ce riff ?” “Ouais, il est génial !” – “Cool, on le garde, écrivons une chanson autour”. Quelque chose de très naturel. On se fout de savoir comment ça va marcher, ou à quel point ça va être bordélique
Si on aime, on le jouera, c’est pas plus compliqué.
Revenons quand même un peu sur “Leviathan” : comment expliques-tu le succès qu’il a rencontré ? Musicalement, il n’est pas beaucoup différent de “Remission”, et pourtant son succès est sans commune mesure
Est-ce dû au marketing, aux concerts
?
Peut-être
Les tournées en grande part, tu as raison, je crois. On a été remarqué par plusieurs grands groupes, qui nous ont proposé de les accompagner en tournée, c’étaient d’excellentes opportunités ! Cela a été le cas de Slayer, Slipknot, des groupes comme ça
Ils nous ont emmenés en tournée et nous ont permis d’être exposés à des publics plus larges
Ca nous a beaucoup aidé.
Vous venez de signer avec un gros label, après Relapse : Warner Bros Records. Or, tu dois le savoir, pour les groupes “underground” comme vous, ce saut du petit label à la grosse major ne se passe pas toujours super bien : souvent, après un album ou deux, ils retrouvent les petits labels. Que penses-tu faire pour éviter ça ?
Rien, en fait ! Hahaha ! Non sérieusement, je pense qu’on va se comporter comme on l’a toujours fait jusqu’à aujourd’hui. On espère juste faire ce que l’on sait faire, mais à plus grande échelle avec eux. Je sais pas, quand on y pense, s’ils nous veulent c’est pour ce que l’on sait faire, finalement, non ? Donc il ne serait pas très judicieux de changer maintenant
Ils nous ont juste dit de ne plus nous brider au niveau des moyens, et je ne vois pas en quoi ça peut être mauvais, ils veulent que l’on “pense grand”
Et puis tu sais, tu imagines bien qu’on y a longuement réfléchi, et de toute façon, on dirait bien que l’on ne peut pas se tromper : c’est une décision qui ne peut pas nous nuire. Même si au final on se fait virer, on n’en a rien à faire, tu vois ce que je veux dire ? Mastodon aura toujours le dernier mot, Mastodon jouera toujours la musique qu’on aime, on jouera toujours live, et on s’éclatera toujours ! Ca n’a aucune importance pour faire ça d’être signé chez Relapse ou chez Warner ou chez n’importe qui, ça changera pas
On va continuer à faire ce que l’on sait faire, ce qui nous amuse, et changer de label c’est une étape positive : on passe au niveau supérieur. C’est fun !
J’ai entendu que vous aviez un DVD en prévision, tu peux m’en dire plus ?
Et bien il devrait sortir aux alentours de Noël, je pense, ou en tout cas c’est ce que Relapse souhaite faire
Pour des raisons évidentes
(ndlr : une fin de contrat délicate peut-être ?…) On va mettre plein de trucs dedans, en quelque sorte les coulisses du groupe, le but est de permettre aux gens de nous découvrir un peu mieux. Il y aura aussi quelques concerts cool que l’on a faits, ainsi que de vieilles vidéos, notamment des extraits d’événements spéciaux, mais aussi des bandes de nos anciens groupes, tu vois le genre, quand on était encore des adolescents boutonneux ! Hahaha. Bref, on y retrouvera un peu toute l’histoire de tous les membres du groupe. L’idée, c’est quand même d’y mettre le plus de trucs possibles, tout ce qu’on arrivera à faire rentrer dans un DVD ! Il faut que les fans aient l’impression d’en avoir pour leur argent.

Vous venez de décrocher une place sur l’affiche du prochain Ozzfest, or ce n’est pas la première fois qu’on vous sollicite. Pourquoi avoir accepté cette fois et pas avant ?
Disons simplement que quelques années plus tôt, nous n’étions pas à un niveau où notre label pouvait se permettre de nous faire faire cette tournée, parce que tu sais, les organisateurs du Ozzfest demandent pas mal d’argent pour pouvoir y participer
C’est comme ça, on le sait, et à cette époque on ne pouvait pas se le permettre, c’était une grosse somme d’argent. On ne voulait pas en plus avoir cette pression sur nos épaules, savoir quel investissement notre label faisait pour nous, ça ne nous semblait pas être une situation très confortable et saine. On a donc décidé de faire les choses plus naturellement : on a attendu, on a fait évoluer le groupe, qui a grandi jusqu’à atteindre un niveau de notoriété qui nous a permis d’y assister sans avoir à payer. Et c’est arrivé cette année, on a eu la chance d’être invités à jouer sur le Ozzfest sans que l’on ne nous demande de payer quoi que ce soit. Ca va être vraiment cool, Iron Maiden, Black Sabbath
Entre le Festimad aujourd’hui et le Ozzfest bientôt, on dirait que vous prenez goût aux festivals
Ouais, t’as vraiment une super énergie dans les festivals
Mais ça dépend de la manière dont ils sont organisés! Lorsque ce sont des festivals sérieux, avec des organisateurs professionnels, du bon matériel
là il n’y a aucun problème, c’est génial. Mais des fois c’est pas si génial, crois moi, ils ne sont pas vraiment organisés avec professionnalisme. On en a plein comme ça aux Etats-Unis : on prend un paquet de groupes, on les compresse tous pour les faire rentrer sur une petite affiche, et t’as un mec qui dit “j’organise un festival”. Alors ils se retrouvent dans son jardin, toi tu joues à 2h du mat, et au final tu n’es pas payé, bref, tu vois le genre
Ce n’est pas le cas du Ozzfest, c’est un bon festival, sérieux, ni du Festimad : ça c’est un vrai festival, en Europe vous savez y faire en festivals. Après, bon, tout n’est pas rose, il y a des inconvénients. On ne peut pas faire de soundcheck par exemple, mais bon, on a d’excellents techniciens, on leur fait confiance, et on l’a déjà fait auparavant, ça se passe bien. Et puis c’est une super opportunité d’être confronté à des publics plus larges, des gens qui ne te connaissent pas, qui ne connaissent le groupe que de nom parfois, qui sont là pour voir les têtes d’affiche, bien sûr, mais aussi pour voir des groupes moins importants durant le reste de la journée. Une excellente opportunité de gagner des fans !

Tu préfères les festivals plutôt qu’être en tête d’affiche de votre propre concert ?
Etre en tête d’affiche c’est cool, tu sais, ce sont tes fans, ils sont venus pour te voir, tu sais qu’ils aiment ta musique, c’est vraiment génial, tu imagines
Vraiment fun, mais
il n’y a pas vraiment de challenge, tu vois ce que je veux dire ?
C’est plus confortable
Absolument ! C’est plus confortable, donc au final on s’éclate, on peut se détendre et juste jouer, nous faire plaisir. Moi il faut juste que je sois un peu nerveux, je me sens bien quand je suis plus nerveux : en général je joue mieux, le concert est meilleur quand je suis nerveux ! Donc je n’ai pas vraiment de préférence, j’adore les deux !
Tu as vu l’affiche du Festimad ? Quels groupes as-tu l’intention de voir ?
Je veux voir les Hives, Turbonegro, nos potes de Dillinger Escape Plan bien sûr, je veux voir Slayer, encore une fois. Tu sais, on a tourné avec eux pendant trois mois, et je ne me lasse toujours pas de les voir, c’est un groupe incroyable, et je pense qu’ils n’ont jamais été meilleur qu’en ce moment, ils écrasent tout, ils sont vraiment super carrés et efficaces dans leur jeu. Et puis je suis batteur, et je trouve que Dave Lombardo est l’un des meilleurs batteurs du monde
Mais sinon, tous les groupes m’intéressent, vraiment, ils ont rassemblé une superbe affiche, franchement. Il me tarde vraiment de voir Marylin Manson, je l’ai jamais vu, il fait un sacré spectacle, ça doit être un sacré trip. Et puis on reste demain rien que pour voir les concerts !
T’as un sacré paquet de bon concerts demain !
Putain ouais ! Y aura Clutch, ils sont excellents. Et plein d’autres ! Tu vois, mec, c’est un super festival, ça va être super cool, je le sens ! Tu sors de la monotonie d’une tournée, où tu as un certain nombre de groupes à l’affiche, et tous les soirs tu vois les mêmes groupes. Là je vais aller me balader et je vais voir plein de groupes que je ne connais pas, ça ne peut pas être plus cool ! C’est bien aussi, les tournées, parce que tu te fais de vrais amis parmi les groupes avec qui tu partages l’affiche, mais au final, les festivals sont cools parce que tu vois des dizaines de groupes et tu rencontres des tonnes de musiciens.
juin 2005 par Laurent.
Publié par Laurent Les rencontres avec Dandy Brown sont toujours des moments privilégiés, le véritable leader de Hermano étant autant affable que sincère. Chaque interview réserve donc son lot de révélations et d’aveux courageux. Cette interview ne fait pas exception. Un bilan est le bienvenu après la sortie de “Dare I Say” et la tournée qui l’a suivi.
“Dare I Say” est sorti il y a plus de 6 mois, vous l’avez donc enregistré il y a environ un an aujourd’hui
Comment le vois-tu avec le recul ? je pense surtout à votre manière pour le moins originale de l’avoir enregistré (ndlr : tous les musiciens ont enregistré leurs parties séparément et échangeaient les fichiers par internet !)
Pour être honnête, avec tous les albums sur lesquels j’ai travaillé, il y a toujours une période durant laquelle je ne l’écoute pas une seule fois. Là par exemple, cela doit bien faire 6 ou 4 mois que je n’ai pas écouté “Dare I Say”, donc ce n’est pas facile de répondre à ta question
Durant l’enregistrement de chaque album, on écoute chaque chanson tant de fois qu’au bout du compte on est vraiment “usé”, il devient vital e prendre un peu de recul par rapport aux chansons, avant de pouvoir les écouter à nouveau. Et cela a été le cas pour toutes les sessions auxquelles j’ai participé. Quand on a eu enregistré “Only A Suggestion”, je crois que je n’ai pas réécouté les bandes pendant au moins 2 ans, et quand je l’ai finalement fait, j’avais une approche totalement “fraîche” de la musique
comme si elle était toute neuve.
Bien sûr, Hermano n’est pas un groupe comme les autres, comme tu le sais, et on ne pouvait pas faire autrement que d’enregistrer de différents endroits. Il faut vraiment que les gens gardent à l’esprit que Hermano est un groupe “indépendant”, sur un label indépendant, alors autant te dire qu’il n’y a pas de budget de 5 millions de dollars disponible pour les enregistrements. On ne peut tout simplement pas se permettre le luxe de des douzaines de voyages tous les week ends à travers le pays dans le but d’être tous dans le même studio pour composer, arranger et enregistrer. Notre approche pour “Dare I Say” a donc été pour le moins pragmatique pour parvenir à finaliser ce projet. Mais finalement, j’ai beau être particulièrement tatillon pour tout ce qui concerne la qualité de la production de mes disques, je pense qu’on a sorti quelque chose de plutôt incroyable, quand tu penses à la logistique mise en uvre et au budget utilisé, et la manière dont on est parvenus à mener à bien ces sessions. Bien entendu, il y a des petits détails sur chaque album, quelles qu’aient été les circonstances dans lesquelles il a été enregistré, que je vais remarquer après coup en me disant que j’aurais bien aimé les changer. Je ne pense pas qu’il y ait un seul musicien au monde qui soit complètement satisfait de chaque seconde de chacun de ses disques

Ca ressemble quand même à un sacré cauchemar, tu penses que le prochain album sera aussi enregistré ainsi ?
Et bien, d’une certaine manière, le prochain album est déjà enregistré ! Il s’agit d’un album live ! Nous l’avons enregistré à Den Bosch en Hollande, en décembre 2004, et il sonne super bien. Je suis vraiment très excité à l’idée de sortir ces enregistrements, parce que c’est vraiment du pur “live”, tu vois ce que je veux dire, pas d’over-dub, d’arrangement ou autres améliorations, on a simplement masterisé le tout pour augmenter le volume général. Au début, on avait simplement filmé plein de choses au cours de la tournée Angry American en novembre et décembre 2004, et puis on a décidé d’enregistrer notre dernier concert pour rajouter au DVD. Alors quand les mecs de notre label Suburban Records ainsi que notre management en Europe m’ont dit que la qualité des enregistrements étaient excellentes, au delà de leurs espérances, j’avoue que j’étais dubitatif
J’ai vraiment écouté des douzaines d’albums live de plein de groupes, et j’ai rarement été impressionné. Mais finalement, quand j’ai reçu le CDR de l’enregistrement, je peux t’assurer que j’ai eu un sourire béat sur le visage pendant plusieurs heures ensuite ! Ca m’a vraiment chamboulé, et je pense que ça fera le même effet sur tous ceux qui l’écouteront. Tous ceux qui connaissent Hermano savent que c’est vraiment seulement au cours des performances live que le groupe retrouve sa vraie identité. C’est quelque chose qui est apparent à travers ces enregistrements live. Il me tarde vraiment que ça sorte en septembre. Je me répète, mais comme tu vois, je suis vraiment excité par ce projet !
C’est vrai que j’ai eu la chance d’écouter cet enregistrement, je confirme qu’il est excellent. Ma question concernait plutôt l’album studio à venir, mais tu l’as habilement détournée pour faire de la promo éhontée !
Hahaha, je sais, désolé ! En ce qui concerne le prochain album studio, tout ce que je peux te dire c’est qu’on a déjà échangé pas mal de riffs ces derniers mois, et on a organisé nos emplois du temps pour enregistrer en décembre. Il y aura certes quelques fichiers sonores qui passeront via internet, ou autres DVD envoyés des uns aux autres, mais l’idée c’est quand même de rassembler tout le monde dans un studio pour enregistrer les chansons, cette fois. Ca répond mieux à ta question ?
Oui ! Mais tu pourrais pas nous en dire un peu plus ? Sur le line up par exemple, des invités ?
Le line up pour cet album sera à peu près le même qu’aujourd’hui, à une exception près : Mike Callahan (ndlr : le guitariste rythmique originel de Hermano, qui a joué sur “Only a Suggestion” puis a quitté le groupe lorsqu’il a pu rejoindre le groupe Earshot, aujourd’hui au bord du split si on en croît les rumeurs) fera à nouveau partie du groupe pour ces sessions. En fait, on a fait un concert il y a quatre mois environ avec Mike, et c’était une expérience incroyable de jouer à ses cotés à nouveau après une interruption de presque six ans ! On est tous très heureux de le voir rejoindre le groupe à nouveau, pas seulement parce que c’est un musicien et un compositeur hors pair, mais surtout parce que c’est génial de retrouver un copain.
Et en ce qui concerne les invités, et bien, je ne devrais pas vraiment mentionner qui que ce soit, mais je peux juste te dire qu’il y aura un certain nombre de surprises sur cet album, et il me tarde vraiment !
Bon, je te retrouve aujourd’hui au Festimad
Encore un festival en Europe
Comment expliques-tu le fait que tu joues autant de concerts en Europe et si peu finalement dans ton propre pays ?
Si tu demandes à n’importe quelle personne qui suit un peu l’évolution de la musique aux Etats-Unis, elle te dira forcément que pour les 10 dernières années environ l’état de la musique et l’appréciation qu’en a le public est déplorable. La sensibilité des gens et leur appréciation de toute musique un tant soit peu créative, imaginative et intègre a totalement disparu depuis au moins 10 ans. Je n’ai vraiment pas l’intention de manquer de respect tous les publics et les artistes aux Etats-Unis en disant ça, mais ce n’est un secret pour personne si je dis que tout ce qui ne rentre pas dans le moule du rock formaté, de la R&B aseptisée, ou de cette merde infâme qu’ils appellent “country moderne”, a bien du mal à rencontrer un minimum de succès public aux USA. Pour une raison que j’ignore, la plupart des gens qui achètent des disques et vont voir des concerts ne sont pas intéressés par le fait de découvrir quelque chose de frais et nouveau. C’est un peu comme si tout le monde voulait entendre les mêmes sons chez tous les groupes, et que les publics ont peur de prendre des risques en essayant d’écouter quoi que ce soit qui sorte de cette “formule magique”. Je trouve ça terriblement triste personnellement. On vient donc en Europe plus souvent qu’on ne joue aux USA tout simplement parce qu’il semble qu’il y ait ici un plus grand pourcentage de personnes qui sont prêtes à s’ouvrir l’esprit sur quelque chose de neuf, quelque chose de différent de ce que toutes les grosses maisons de disques leur font bouffer à longueur de journée. Ce n’est pas plus compliqué !
En plus, autant cette fois c’est encore un grand festival, autant la dernière tournée se déroulait dans des clubs plus confidentiels. Quelle configuration préfères-tu, festival ou clubs ?
Je m’en moque, mec ! J’aime juste jouer ! Peu importe où c’est.
Tu as vu l’affiche du Festimad j’imagine, quels groupes as-tu déjà vus et as-tu apprécié, et lesquels te tarde-t-il de voir aujourd’hui ?
Franchement, en arrivant, je peux te dire que plus de la moitié des groupes m’intéressaient beaucoup ! J’attends impatiemment Mondo Generator, je ne les ai encore jamais vus, je ne les raterai pas. Même chose pour Marylin Manson hier soir, j’ai trouvé qu’il proposait un spectacle très sympa, divertissant. Clutch est incroyable. Nightwish hier, c’était un peu too much, par contre
J’ai pas vraiment accroché. Pas trop à mon goût, tout simplement.
Une question qui me trotte depuis pas mal d’années : qu’est-ce qu’il y a de spécial entre Dandy et l’Espagne ? Tes deux projets principaux ont des noms espagnols (Hermano et Orquesta Del Desierto), tu as joué dans plusieurs gros festivals espagnols, tu y as fait plein de concerts, tu as un label espagnol pour Orquesta
Etrange ! Pure coïncidence ou passion cachée ?
Oh, je ne fais pas de mystère de mon amour pour l’Espagne, tu sais. J’ai été frappé il y a très longtemps par cette attirance envers l’Espagne, et on dirait que ça m’a suivi au cours des années. J’aimerais d’ailleurs parler la langue un peu plus que les quelques centaines de mots et expressions que je connaisse ! C’est vraiment un superbe pays, et je suis vraiment honoré du fait qu’ils aient montré à ce jour autant d’intérêt envers la musique que j’ai créée ces dernières années.
Avec les années, vu de l’extérieur, il apparaît que peu à peu Hermano et ODD paraissent de moins en moins “les projets de Dandy”, et de plus en plus des groupes à part entière. On remarque d’ailleurs que pour le second album de chaque projet, d’autres musiciens sont devenus les compositeurs principaux (Mike Riley et Mark Engel sur ODD, Dave Angstrom sur Hermano). Est-ce voulu ? Le ressens-tu ainsi toi aussi ?
Et bien ce que je peux te dire, c’est que les deux groupes sont devenus exactement ce que j’avais toujours souhaité (et prévu) qu’ils deviennent, depuis le commencement. Aux débuts des deux groupes, je n’avais qu’une vision, et un paquet de chansons pour démarrer. Mais une fois qu’ils se sont mis en place et ont commencé à évoluer, ça m’a paru évident qu’il fallait encourager les autres à contribuer plus, l’inverse aurait été stupide ! Je suis entouré par non seulement d’excellents musiciens, mais aussi d’excellents compositeurs ! Quoi qu’il advienne, en tout cas, je pense que la vision originale restera toujours attachée aux deux groupes, et que même si je ne contribue pas à la moindre chanson sur un disque, je pourrais toujours ressentir ma présence dans le groupe.
Dis-m’en plus sur le DVD sur lequel vous travaillez, auquel tu faisais allusion tout à l’heure
Je pense qu’il sortira début 2006. Le mec qui a filmé le contenu s’est retrouvé avec 30 à 40 heures de bandes vidéos, et ça prend un certain temps de visionner et sélectionner tout ça ! Mais bon, je peux en imaginer la teneur, et je pense que ça ressemblera grosso modo à une sorte d’étude appliquée sur l’ivresse et la débauche
Enfin, en tout cas c’est ce dont je me souviens quand la caméra tournait !
A quoi peut-on s’attendre de la part d’Orquesta dans les mois qui viennent ?
Avec Orquesta on va enregistrer notre troisième album en août, et on a l’intention de le sortir avec Alone Records début 2006. Je crois qu’on a écrit nos meilleures chansons à ce jour, et tous les musiciens impliqués sont aussi excités que moi à l’idée de se retrouver dans le studio ! Je crois qu’avec la sortie de “Dos”, Orquesta s’est vraiment révélé en tant que groupe. Le prochain album marquera clairement un ancrage dans ce confort d’une part, et une progression dans ce sens.
Une question générale, maintenant : on se connaît depuis plusieurs années, et je me demandais si, connaissant ta passion pour la musique, tu souhaiterais aujourd’hui que ça soit ton métier à plein temps ? Etre capable d’en vivre, c’est bien, mais aimerais-tu perdre ton vrai métier et ta vie actuelle, plus “terre à terre” ?
Et bien, j’imagine que ça dépend de ce que tu entends par “en vivre”, finalement. Je peux simplement te dire que durant les 3-4 années passées, on a eu l’opportunité avec Hermano de s’engager et de tourner à temps plein, et dans ces conditions tu peux arriver à en vivre. D’un autre coté, je pense qu’il y a un lourd prix à payer pour vivre cette vie. La plus grande joie dans ma vie est la possibilité de voir mes enfants grandir. Donc à chaque fois qu’on a eu ces propositions, il y a toujours une forte hésitation, parce que ça signifie de longues périodes de temps durant lesquelles je manquerai des moments importants dans la croissance de mes enfants. Rien que ça, ça rend cette décision difficile
Une décision qui revient à envisager à quel point cette option est “lucrative”, de passer tant de temps sur la route. Bien sûr, je vais être totalement honnête avec toi, si on nous proposait une somme d’argent énorme, je serai obligé d’y voir aussi la possibilité de rendre la vie plus facile, généralement, et aussi de voir le champ des opportunités grandir concernant mes enfants et leur éducation, par exemple. Mais la question ne se pose pas, de toute façon : à l’heure actuelle, ce qu’on peut me proposer pour vivre de la musique correspond peu ou prou à mon salaire d’enseignant de lycée, et ce n’est donc pas une raison suffisante pour me faire rater ces moments passés avec mes enfants. Mais ne te méprends pas sur mes propos, j’adore jouer de la musique, mais dans la vie je pense qu’il y a certaines priorités qui doivent rester en haut de la liste ! Une chose est sûre, c’est que ma famille et son bien-être sont, et de loin, plus importants que la possibilité pour moi de jouer de la musique tous les soirs
juin 2005 par Laurent.
Publié par Laurent Yawning Man est l’un des projets (groupes ?) les plus excitants de ces derniers mois. Composé de la fine fleur du “pur” stoner américain made in Palm Springs, le trio instrumental sort son “premier” album (“Rock Formations”, en réalité leur dernier album, composé de chansons récentes, alors qu’ils ont assez de vieux matériel inédit pour en sortir un double…) chez nos amis de Alone Records. Gary Arce, guitariste de la formation, nous en dit plus long sur ce mystérieux mais passionnant combo…
“Rock Formations” vient de sortir, comment décrirais-tu la musique que l’on peut y trouver, pour inciter nos lecteurs à se le procurer ?
Je dirai avant tout que c’est de la musique originale. Très “cinématique”, très atmosphérique en quelque sorte, très liée à des paysages, des ambiances… Une chose est sûre, ce n’est pas du “stoner rock” très classique !
Je distingue vraiment une certaine influence “latine” dans votre musique, or ce qui me paraît étrange, c’est que je n’ai pas senti cette culture (mexicaine ou hispanisante) lors de mes divers passages dans les environs de Palm Springs, je trouve donc cette influence étonnante, quand on voit à quel point Yawning Man est lié à cette région…
La ville de Palm Springs correspond plutôt à la partie “touristique” du désert, et les seuls mexicains que tu y trouveras, tu as raison, sont dans les cuisines des restaurants… Mais si tu vas au Sud de la ville, à peine 30 minutes de route plus loin, tu te trouveras à La Quinta, Indio, Coachella, et là tu trouveras plus de 75% de mexicains ! Je vis moi-même à La Quinta, à environ une heure de route de la frontière mexicaine. Et si tu entends cette influence latine, c’est bien parce qu’Alfredo et moi avons grandi dans cet environnement. Nos deux familles organisaient régulièrement des fêtes de “jardin” traditionnelles mexicaines, avec des mariachis et de la musique mexicaine (avec des groupes qui venaient jouer). C’est quelque chose qui est dans notre sang et dans notre tête depuis notre enfance… J’entends toujours, de temps en temps, de vieilles chansons traditionnelles mexicaines que j’écoutais chez mes grand-parents quand j’étais gosse. Et c’est la même chose pour Alfredo…
Tout s’explique… Mais au delà de cette influence “culturelle”, j’ai vraiment du mal à rapprocher votre musique d’autres groupes. De quels artistes te sens-tu le plus proche musicalement ?
L’une de nos grandes influences est le groupe Blind Idiot God, qui était sur SST Records (ndlr : label plutôt orienté punk, qui a sorti quelques albums très sympathiques, dont les premiers Fatso Jetson, The Sort Of Quartet, etc…). C’était aussi un groupe totalement instrumental. De la très, très belle musique, un peu décalée, très aérienne, quasiment onirique. Ils influencent notre musique depuis toujours.
Après quelques écoutes de votre album, on pense parfois à la B.O. d’un film, et je pense notamment à la superbe composition de Ry Cooder pour le film “Paris, Texas”. Penses-tu toi aussi que votre musique se prèterait probablement à une B.O. de film ?
Merci d’abord pour la comparaison avec Ry Cooder, c’est un incroyable musicien, et un pur “bad ass”. J’adore vraiment sa musique. En ce qui concerne les B.O. de film, ce n’est pas un exercice très facile… Des gens nous demandent régulièrement si nous avons déja composé des musiques pour des films – et la réponse est toujours “malheureusement non”. Mais si quelqu’un nous demandait si nous étions partant pour le faire, j’adorerais ça ! Je vais même te dire plus : j’adorerais ne faire que de la musique pour des films !
Quoi qu’on dise, Yawning Man sonne un peu comme Fatso Jetson, je trouve, surtout en ce qui concerne le son de guitare. Or ce qui est étrange finalement, c’est que Mario (Lalli, guitariste de Fatso Jetson) joue de la basse dans Yawning Man, or c’est toi qui joue de la guitare dans Yawning Man, pas lui. Cette similitude semble donc étonnante, comment l’expliques-tu ? Attribuerais-tu donc plutôt ces similitudes au fait que vous partagiez des influences musicales communes ?
C’est une question difficile… Yawning Man existe depuis bien plus longtemps que Fatso Jetson. Or j’ai toujours été le guitariste de Yawning Man. J’ai déja joué avec Fatso Jetson (ndlr : sur l’album “Flames for All”, sorti sur le label Man’s Ruin) et écrit des chansons avec eux. Effectivement, nous aimons tous les deux les mêmes styles de guitare, “surf”, latin… Mais qui sait ? Peut-être que l’on s’influence l’un et l’autre ? J’entends parfois des choses dans Fatso Jetson qui ressemblent beaucoup à mon style d’écriture, et je suis sûr et certain que Mario entend ici ou là dans les chansons de Yawning Man des plans que j’ai écrits et qui ressemblent à son style… C’est très naturel et très sain, je pense…
Mario et toi vous connaissez depuis longtemps, mais depuis quand jouez-vous ensemble ? On peut lire ici ou là que tu jouais de la guitare dans l’un de ses premiers groupes, Englenook, ou bien de la basse, aucune biographie n’est très claire là-dessus… Peux-tu nous éclairer sur vos débuts ?
Je n’ai jamais joué dans Englenook en fait ! Alfredo et moi avons commencé à jouer ensemble, seulement avec une guitare et une batterie, puis Mario nous a rejoint à la basse. Voici un peu comment cela s’est passé : nous habitions tous dans la même maison, et Alfredo et moi étions au chômage à l’époque, nous passions donc nos journées à boire des bières et à faire de la musique. Et quand Mario rentrait le soir du boulot, crevé, on le harcelait pour qu’il vienne jouer avec nous pour essayer toutes les super idées que nous avions eues dans la journée ! Au début il n’était pas trop partant, il avait Englenook, à l’époque, il n’était pas vraiment intéressé. Et puis un jour, il est rentré du travail et il a commencé à jouer avec nous à la basse. A partir de là tout s’est enchaîné naturellement et depuis ce jour nous n’avons plus jamais arrêté de jouer ensemble. Un peu plus tard, son cousin Larry nous a rejoint en tant que second guitariste. Et c’est comme cela qu’est né Yawning Man.
Revenons à ce que tu sous-entendais juste avant : on trouve ici ou là, dans les bios des autres groupes par exemple (Fatso Jetson, etc…) des informations contradictoires sur l’implication de chacun des membres du groupe, sur leurs activités, etc… C’est quand même étrange que rien ne soit plus clair sur vos parcours respectifs ! Par exemple, on peut lire un peu partout que tu as, par moments, quitté le groupe…
Je n’ai jamais quitté le groupe. Moi aussi j’ai lu sur internet ce genre de choses. Je ne sais pas d’où ça vient, je ne sais pas qui a propagé ce genre d’informations, mais c’est complètement faux, tu as raison. Alfredo et moi on a été choqués par certains des trucs que l’on dit dans nos biographies respectives ici ou là, ou dans des soi-disants historiques de nos groupes… Alfredo et moi avons tous les deux créé ce groupe, et j’en suis le principal compositeur. A partir de là c’est particulièrement décevant de lire ce genre de trucs. Mario et son cousin Larry ont parfois échangé leurs instruments, en concert, ça peut expliquer certaines de ces informations erronées, mais pas toutes…
Presque anecdotiquement, Yawning Man s’est en quelque sorte transformé en The Sort Of Quartet, alors que la musique n’est pas vraiment la même…
Non, je te confirme ! (hahaha) Les membres du groupe sont les mêmes, par contre, tu as raison.
Alors qu’en est-il aujourd’hui de Sort Of Quartet, est-ce terminé depuis que Yawning Man est “re-né” ?
“Re-né” ? C’est un drôle de terme, je trouve, surtout quand tu penses que Yawning Man ne s’est jamais vraiment rrêté ! Nous n’avons en tout cas jamais arrêté de jouer tous les trois sensemble, que ce soit sous l’étiquette “Yawning Man” ou bien tout autre groupe, ou projet… Mais c’est vrai que vu de l’extérieur, ça doit donner cette impression…
Pourquoi a-t-on selon toi ce sentiment, justement, que Yawning Man “re-vit” depuis récemment (la sortie d’un album de nouvelle musique, la sortie annoncée de vos vieux morceaux en 2005, une tournée européenne prévue…)… Pourquoi maintenant ?
Et bien ce n’est pas très compliqué : j’ai composé ces chansons, en les enregistrant sur un magnéto merdique, et je voulais vraiment les jouer avec des musiciens. J’ai donc appelé Mario et Alfredo. On a répété un petit peu, et on a foncé direct dans un studio pour enregistrer tout ça. Le fait que l’on ressorte maintenant ces enregistrements, je ne sais pas, c’est juste comme ça que ça s’est produit… On avait toutes ces vieilles bandes dans une armoire quelque part, et on trouvait vraiment que c’était trop bête de les voir vieillir là, alors on s’est dit qu’il faudrait vraiment se bouger les fesses pour les sortir ! Mais comme je te disais tout à l’heure, ce n’est pas comme si on avait arrêté de jouer ensemble entretemps et que tout d’un coup on souffle sur la poussière de nos instruments et qu’on essaye de rejouer nos vieux morceaux… On n’a jamais arrêté de jouer.

D’accord, mais vous jouiez sans aucune “trace” de votre musique (album ou autre…). Est-ce que ce n’est pas un peu frustrant, quelque part, de ne voir votre premier album sortir que maintenant, après une si longue “carrière”?
Non, parce que nous avons tous été amenés à jouer avec d’autres groupes, et à enregistrer d’autres albums depuis le temps, que ce soit Fatso Jetson, QOTSA, Sort of Quartet, Oddio Gasser… Ce n’est pas comme si après Yawning Man on s’était tous arrêtés de vivre et de jouer pour faire tout autre chose : nous avons tous joué et enregistré d’autres choses. Et puis le mot “carrière” que tu as employé n’est vraiment pas approprié au monde musical : carrière, c’est comme quand tu as un métier, et travailler ça craint, je ne considère donc pas Yawning Man – ou n’importe quelle partie de notre musique, d’ailleurs- comme une “carrière”.
Pourquoi avez-vous choisi le label Alone Records pour sortir vos premiers albums ? Cela semble étrange, c’est un label européen, or vous êtes américains…
Alfredo connaissait Alone Records, et puis Miguel (ndlr : le président de Alone Records) avait vraiment l’air très cool et honnête. De plus, il aimait vraiment la musique du groupe, et il tenait à sortir ces disques. Après, le fait que ce soit un label européen ou américain, qu’est-ce qu’on en a à faire ? On se fiche d’où tu viens, tant que t’es un mec cool, c’est tout ce qui compte…
La première chose qui surprend sur “Rock Formations” c’est le fait qu’il n’y ait pas de chant… Est-ce un choix délibéré ou bien est-ce que ça s’est simplement présenté comme ça, au fil de votre évolution ?
Nous nous sommes orienté vers la musique instrumentale très tôt, en fait, c’était vraiment l’influence du label SST sur nous. On ne pense pas vraiment au chant dans notre musique. J’ai sincèrement l’impression que ça fonctionne très bien tout seul, sans chant.
Oui, je confirme, par contre une chose m’intrigue : comment choisissez-vous les titres de vos chansons ? Est-ce que c’est vraiment dépendant du contenu des chansons, ou bien est-ce des noms bidons que vous choisissez après une cuite entre potes ?…
En général on écrit la musique d’abord, et ensuite on trouve le titre. C’est souvent lié à quelque chose dans notre ville ou notre environnement, comme un nom de rue par exemple, ou le nom d’un canyon ou d’un massif rocheux des environs.
Parlons un peu de l’avenir à court terme pour le groupe. Une tournée Européenne est déja planifiée, mais avez vous des concerts prévus aux Etats-Unis aussi ?
Oui, avec un peu de chance, une semaine environ en Californie…
Et quels sont tes plans pour les mois prochains, après la tournée européenne ?
Nous allons nous concentrer sur l’écriture de nouvelles chansons, et j’espère que nous pourrons les enregistrer et les sortir rapidement ensuite !
mars 2005 par Laurent.
Publié par Laurent Honcho a sorti en ce début 2005 une véritable bombe, sous la forme de leur nouvel album “Burning in Water, Drowning In Fire”. Si bien que nous avons insisté pour nous entretenir avec Steinar, le furieux bassiste du groupe norvégien, pour en savoir plus sur cet album et prendre des nouvelles du groupe ! Grand bien nous en a pris, le bonhomme se révèle sympathique, passionné, et passionnant !
Peux-tu nous rappeler ce qui s’est passé dans la vie de Honcho depuis la sortie de “Corporate Rock”, votre album précédent ?
Steinar : On a fait plusieurs concerts après la sortie de “Corporate…”. Et puis on a subi un ou deux changements de line up : notre guitariste Jørgen Berggraf a laissé sa place à Rino Bambino, et notre chanteur Trond Skog a été remplacé par Lars “Eikind” Sætheren. Notre nouvel album, “Burning in water, drowning in fire” est dans les bacs à l’heure où je te parle, et nous encourageons vivement tout le monde à se le procurer, je pense qu’il montre vraiment l’évolution du “son Honcho”. Nous avons d’ailleurs fait un concert ici à Olso, dans la salle légendaire appelée “Last Train”, c’était plein comme un oeuf, le show était génial.
Quel accueil a été réservé à “Corporate Rock” ?
Les critiques ont été excellentes, nous n’avons vraiment pas à nous plaindre. Et puis, je ne pense pas, avec le recul, que nous aurions dû (ou que nous aurions pu !) faire quoi que ce soit différemment pour “Corporate…”, il reflète vraiment le groupe tel qu’il était à l’époque. Faire un album, c’est un peu comme faire un album photo. C’était un lieu et un instant, c’était tel quel…
Même si j’ai adoré “Corporate Rock” à sa sortie, on a vraiment l’impression que “Burning…” est encore plus abouti. Qu’est-ce qui différencie franchement ces deux albums selon toi ?
Nous avons beaucoup changé, le groupe s’est beaucoup développé, que ce soit en tant que groupe, d’ailleurs, mais aussi en tant qu’individus. Je pense donc que “Burning…” est un pas en avant plutôt naturel.
Sur “Burning…” on s’est vraiment surtout concentrés sur le son et les compositions : disons que l’on pensait tous que c’était deux points sur lesquels on pouvait faire mieux que sur “Corporate”, et je pense qu’on y est arrivés…
Disons que l’on ne s’est pas simplement dit “faisons un disque de hard rock”, on a essayé de composer un album plus “complexe”, dans le sens où on ne s’est surtout pas bridés, on y a mis toute la musique que nous avions “à l’intérieur”, sans tenir compte du genre musical. L’une des principales autres différences est l’ajout de parties plus mélodiques et “atmosphériques”, ainsi que tous les claviers présents sur l’album. Nous sommes de vrais fans des orgues Hammonds et Wurlitzers des années 60 ou 70, et Lars a vraiment assuré à ce niveau !
Le nouvel album sonne beaucoup moins “metal” dans un sens, beaucoup plus “blues”, et pourtant ça ne le rend pas moins efficace, le son n’est pas moins puissant pour autant. Etait-ce l’effet escompté ?
L’ambiance, le feeling blues existe toujours quelque part, bien caché, dans les fondements de la musique rock. En le laissant jaillir un tout petit peu, je crois qu’on est arrivés à un album beaucoup plus complexe et mature. Regarde tous les grands groupes : Zeppelin, Hendrix, Free, Cream, en fait c’est toujours du hard blues-rock ! Le Blues est la mère dont le rock n’est que la progéniture… C’est finalement plus un album de retour aux sources pour nous, un peu comme si on essayait d’atteindre le Saint Graal…
J’ai été particulièrement impressionné par la dimension “épique” de certaines compositions du dernier album, certainement propices à des envolées live intéressantes ! Est-ce que justement vous avez gardé en tête les contraintes du “live” lors de la composition de vos morceaux ?
Le développement des chansons et le style, le son eux-mêmes, sont venus naturellement. Tout ce qu’on fait, c’est prendre nos guitares et taper le boeuf autour de quelques riffs… c’est tout ! Bien entendu, ça peut paraître un peu téméraire de se lancer dans des compositions un peu trop “épiques”, après tout on ne peut pas vraiment se targuer d’évoluer dans le même genre musical que Pink Floyd, par exemple ! Mais ça marche pas trop mal, que ce soit de notre point de vue, mais aussi, apparemment, pour les personnes qui ont écouté l’album. Honcho est en grande partie un groupe live, et nous construisons donc nos chansons en fonction de la manière dont elles sonneront live.
Quelles sont les principales influences du groupe ? On discerne des tendances bluesy, comme on le disait tout à l’heure, mais aussi, du fait de la voix de Lars, des sonorités proches de Soundgarden ou Alice In Chains par moment…
C’est vraiment une question à laquelle il est difficile de répondre, car il y a plein de bons groupes… En plus de ça, on peut dire que la diversité est de mise parmi les goûts de tous les membres du groupe ! Mais je peux quand même, sans trop prendre de risque, dire que le rock des années 70, ainsi que le prog rock, occupent une place à part dans nos coeurs. Nous sommes de grands fans de Free, Cream, Zeppelin, King Crimson, Sabbath, mais nous écoutons aussi beaucoup de jazz, de soul music. Ceci explique peut-être que ce qui sort de cet album est particulièrement varié. On adore aussi les vieux bluesmen, comme Howlin’ Wolf, Muddy Waters…
En ce qui concerne la voix de Lars, et bien… elle est ce qu’elle est ! On ne peut pas lui demander de chanter différemment, simplement parce qu’il sonne de la même manière qu’un groupe de Seattle ! De mon point de vue, Chris Cornell fait partie des 5 plus grands chanteurs de rock de tous les temps, alors inutile de se prendre la tête : pour nous c’est vraiment un grand compliment.
A propos des changements de line-ups… Pourquoi sont partis Trond et Jørgen ?
Trond et Jørgen sont partis pour des raisons personnelles, mais aussi musicales. Je ne pense pas que je devrais détailler plus que cela ces raisons, je suis désolé. Rino et Lars se sont vraiment beaucoup impliqués dans le groupe, et ont apporté des aspects frais et nouveaux au son de Honcho. Ce sont pare ailleurs de très bons musiciens, et on est vraiment heureux de les compter parmi nous !
OK, parle-nous un peu d’eux, dans ce cas.
Lars nous a rejoint par pur hasard… ou presque ! Lars se faisait quelque peu discret sur la scène musicale de Oslo, depuis quelques mois, mais notre ancien manager s’est débrouillé pour lui mettre le grapin dessus, et l’a convaincu de rejoindre Honcho. Selon moi, Lars est le meilleur chanteur en scandinavie pour ce genre musical, inutile de te dire à quel point on est heureux de l’avoir dans le groupe ! Mais Rino a rejoint le groupe avant Lars. C’est en réalité notre ancien chanteur, Trond, qui nous a mis en contact avec Rino. Il a fait un super boulot sur les leads, c’est un super musicien, avec beaucoup de doigté, mais aussi doté d’excellentes oreilles !
Je crois savoir que vous étiez sur le point d’enregistrer un clip pour une chanson de “Burning…”, mais l’enregistrement a semble-t-il été stoppé… Que s’est-il passé ?
Et bien, il y avait un mec qui allait faire une vidéo pour la chanson “Some Say”. Mais du jour au lendemain, il nous a dit qu’il ne pouvait plus le faire… alors Rino et moi on s’est remonté les manches et on a pris le relais, tout seuls ! C’est une vidéo plutôt du genre “le groupe joue dans le studio”, on a beaucoup filmé dans notre local de répétition, avec la caméra autour de nous, comme en live. Ca sera certainement très cool, en fait ! Et puis on a déja prévu d’enregistrer un deuxième clip, pour la chanson “Messenger Messiah”. Mais cette fois nous le ferons faire par un professionnel.
Quels sonts vos plans pour l’avenir ?
On a déja fait quelques concerts en Norvège, juste après la sortie de l’album, et on aimerait vraiment faire une tournée en Europe cette année. Peut-être qu’avec un peu de chance on pourra jouer dans quelques festivals cet été, par exemple, ça serait cool. On compose toujours de nouveaux morceaux pour le prochain album, mais rien n’est prévu à l’heure actuelle là-dessus : pas de date de sortie ni rien, rien ne presse. Je peux juste te dire que “Burning…” ne sera pas notre dernier disque !
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février 2005 par Laurent.
Publié par Laurent Dandy Brown respire la joie de vivre. A la tête de projets qui provoquent des rêves humides de la part du microcosme “stoner” (qui s’élargit de plus en plus) dans le monde entier avec Hermano et Orquesta Del Desierto, il commence à voir le fruit de son travail récompensé par un véritable succès critique, et surtout (enfin), public. Alors que son nouvel album “Dos”, somptueux, s’apprête à sortir en Europe, il nous raconte par le menu sa création et autres anecdotes exclusives
Que s’est-il passé pour Orquesta Del Desierto depuis la dernière fois que l’on s’est vus, après la sortie de l’album ? Avez-vous envisagé de faire une tournée ensemble, ou bien êtes-vous tous repartis travailler sur d’autres projets, chacun de son côté ?
Dandy Brown: Lorsque l’on est dans Orquesta, il y a toujours des discussions et des opportunités de faire des concerts, car on adore jouer et jammer ensemble
Mais c’est encore une situation frustrante – comme avec Hermano – où l’on a des gens venant d’un peu partout dans le projet, et chacun a des emplois du temps différents et des groupes différents. Lorsque je me suis lancé dans ce genre de projets, j’avais un point de vue bien plus “romantique”, je me disais qu’il serait facile de faire jouer ces mecs ensemble régulièrement. Mais dès que l’on commence à se plonger dedans, chacun a sa vie, son parcours à mener, et cela les éloigne les uns des autres, ça rend les choses de plus en plus difficiles à mettre en place. Des tourneurs américains et européens m’ont déjà contacté en me proposant de mettre en place des tournées, et tous les membres du groupe, en entendant ce type de propositions, ont vraiment envie de le faire, mais très vite ils déchantent en regardant leur emploi du temps, et là ça devient un enfer
On adorerait aller faire des concerts, on en parle sans arrêt, mais aujourd’hui je ne sais pas dire quand cela pourra se faire
Pour cet album tu n’as pas écrit toutes les chansons dans le désert (certaines ont été écrites en Floride durant la période où tu y vivais). Penses-tu que le thème principal du projet reste le désert, dans ces conditions ? Penses-tu que le simple fait d’avoir enregistré l’ensemble de l’album dans le désert californien a permis d’y rajouter ce “parfum” de désert que l’on retrouvait sur le premier album ?
Je pense que les fans du premier album, en entendant le nouvel album, vont être surpris à nouveau, car je pense qu’il y a une évolution, une direction différente, sans pour autant se débarrasser des racines du projet. Ouais, il y a quelques influences de la Floride sur cet album, des influences de mes expériences et du temps que j’ai passé là-bas. Mais nous avons tenté d’apporter un réel effort de travail en collaboration cette fois, ce qui représente en soi une évolution dans le mode de composition. De nouveaux compositeurs sont intervenus sur l’album et ont apporté leur état d’esprit (ils étaient dans le désert depuis le début, même pendant que moi j’étais encore en Floride). Donc ce “parfum” de désert y est bel et bien, mais il y a aussi une réelle évolution.

Tu parles d’un effort de collaboration plus approfondi sur cet album, et en particulier de nouveaux compositeurs qui prennent une place importante. Parle-nous justement de Mike Riley et Country Mark Engel qui ont été des acteurs importants de cet album.
Je connais Country Mark Engel depuis 18 ans ! La première fois que je l’ai vu jouer, il avait seize ans, il jouait dans une sorte de concours local du meilleur groupe, et moi aussi. Il m’a sidéré
Pendant cinq ans j’ai ensuite essayé de le faire jouer dans un de mes groupes, mais il était trop occupé, et ça n’a jamais pu se faire. Finalement, j’ai commencé à jouer dans ce groupe, Dock Ellis, au début des années 90, et nous sommes devenus en quelque sorte des partenaires compositeurs. Lorsque j’ai déménagé dans le désert, il était encore à Cincinnati, et en avait vraiment marre de cette ville, il voulait en partir et essayer quelque chose de nouveau. Je lui ai alors proposé de venir s’installer chez moi dans le désert, et c’est comme ça qu’a commencé ma collaboration avec Mark sur ce projet. En ce qui concerne Mike Riley, nous nous sommes rencontrés lorsque je suis venu pour la première fois dans le désert. Mike Riley est le mec qui a toujours été derrière tout ce qui se passe dans le désert ! C’est vraiment bizarre, tout le monde là-bas, Brant Bjork, Josh Homme, John Garcia, Mario Lalli, Alfredo Hernandez
d’une manière ou d’une autre ils ont tous un rapport avec Mike Riley ! Il a été ingénieur du son pour certains, a produit ou organisé des concerts ou des fêtes pour d’autres, ou encore a enregistré en studio avec d’autres encore. C’est un vrai vétéran du désert, il n’y a pas d’autres mots pour le qualifier ! J’ai eu la chance que l’on nous présente lorsque je suis arrivé dans le désert, et nous sommes devenus de très bons amis : nous avons des centres d’intérêts communs, la même attitude
tu sais, tout ce qui constitue une vraie amitié. Lorsque tu rencontres quelqu’un comme lui, tu ne peux pas ne pas le faire participer à un tel projet.
Qu’en est-il de Rancho De La Luna ? C’est un studio mythique pour les fans de stoner “underground”, mais il n’est pas très célèbre, peux-tu nous le présenter, nous dire ce qu’il a de si spécial, à commencer par les artistes qui y ont a déjà enregistré ?
Tu as déjà Kyuss qui y a enregistré certains de leurs derniers morceaux. Les Queens Of The Stone Age aussi, Nebula, Fu Manchu, Mark Lanegan
Masters Of Reality y a travaillé, ainsi que la plupart des groupes initié set produits par Chriss Goss. Il n’y a pas réellement de “qualification” nécessaire pour enregistrer là-bas, tous les styles peuvent y être représentés
Lucinda Williams, par exemple (ndlr : artiste folk-blues-country américaine) vient d’y enregistrer son album. Les artistes vont et viennent
As-tu déjà rencontré Fred Drake ? (ndlr : le légendaire créateur de ce studio, récemment disparu)
Non, je n’ai pas eu cette chance, il est décédé avant que j’arrive dans le désert. La localisation de ce studio, l’environnement dans lequel tu te retrouves plongé, sont vraiment incroyables
Lorsque tu rentres habituellement dans un studio, tu sens que c’est très “stérile”, tu sais que tu rentres là pour enregistrer ton album, un point c’est tout. Tandis que lorsque tu rentres dans Rancho De La Luna pour la première fois, déjà tu rentres par la cuisine ! Puis tu passes dans le salon, tu enregistres les parties de guitare dans les chambres à coucher, etc
Tu vois le genre
Lorsque tu y passes la nuit, tu te réveilles et tu prends ton petit déjeuner en regardant la beauté du désert qui se présente face à toi
Je n’ai jamais ressenti une telle liberté de toute ma vie.
On retrouve quatre guitaristes différents dans Orquesta Del Desierto, ce n’est pas très courant ! Comment gères-tu ce genre de line-up en terme de production ?
Lorsque je pense à Orquesta, je pense à cette énorme production par laquelle j’essaye de représenter la beauté du désert. Il y a tant de diversité et de variations dans le désert, et je suis convaincu que tous les musiciens qui font partie du groupe ajoutent tous une part différente au projet. Par contre, lorsque l’on en arrive à mixer un album de Orquesta, cela devient un processus vraiment éprouvant, car tu dois gérer parfois jusqu’à 36 ou 37 pistes de musique différentes (batterie, percussions, claviers, cuivres, guitares, basse
). Ca devient une masse de choses, une sorte de monstre que tu essayes de contrôler et présenter de façon à faire ressentir aux gens quelle est ta vision du désert
C’est de cette manière que nous essayons de représenter le désert par l’intermédiaire de la production de Orquesta, et je pense que les participations de chacun des musiciens jouent un rôle important là-dedans. C’est vrai que ça devient un cauchemar dès que tu dois mixer le tout, mais chacun apporte quelque chose de différent, et je ne veux en aucun cas être un producteur qui dit à ses musiciens : “tiens, voici tes partitions, tu n’as qu’à jouer ça”. Par exemple, j’adore ce que fait Mario Lalli, j’adore les sons qu’il crée, j’adore le côté “avant-gardiste” de son jeu, et c’est ce qu’il apporte à l’album ! J’adore Country Mark Engel parce qu’il est si “ancré” dans la terre, si brut
Ils apportent tous quelque chose qui rend Orquesta si spécial. Sans l’un de ces éléments, je ne pense pas que les autres puissent fonctionner et ce même si certains des éléments d’origine se sont perdus en chemin, que les gens ont évolué

J’ai entendu dire que tu avais des problèmes avec Tee Pee Records, le label sur lequel tu as sorti l’album de ton autre groupe, Hermano. Je trouve intéressant d’avoir un témoignage qui montre que contrairement à ce que l’on croit, les petits labels indépendants ne sont pas forcément plus honnêtes
Peux-tu nous en parler ?
Bien sûr ! Tu sais, lorsque j’ai rencontré Tony, de Tee Pee, la première fois, il m’a vraiment semblé être un mec honnête. Nous avons signé un contrat réglo, nous n’avons aucun problème à ce sujet, le contrat est clair. Mais au bout d’un moment, Tee Pee nous a demandé si nous voulions enregistrer un second album avec eux. On a alors dit : “OK, on a tous plus de trente ans, on a tous un métier, alors voici notre budget pour enregistrer cet album, c’est à dire la somme que cela nous coûte d’arrêter de travailler le temps d’enregistrer”. C’était un marché honnête, mais à partir de ce moment, tout s’est dégradé ! Ce n’était pourtant pas un budget de grosse maison de disque, c’était vraiment le minimum, seulement pour le principe de faire Hermano pour le plaisir, mais ils trouvaient que c’était trop. A partir de là, tout a commencé à déconner, ils ont arrêté de communiquer avec nous, car ils se sont aperçus que l’album ne sortirait pas chez eux. Ils ont commencé à nous envoyer des rapports falsifiés, des factures où ils comptaient tout en double, etc
Ils pensaient sans doute que notre management ne le remarquerait pas ! Ils ont choisi d’adopter ce type de comportement, ils pensent s’en tirer comme ça, mais tu sais quoi ? Ils vont avoir une mauvaise nouvelle, car on va pas les laisser faire ! Et pourtant on a toujours été à cheval sur le principe de bien lire tous les contrats, mais à partir du moment où l’on ne respecte plus le contrat, que te reste-t-il ? Tu te retrouves obligé d’attaquer, et tout l’argent que ça va coûter va aller dans les poches d’avocats, d’experts, tout ça parce que Tee Pee a décidé d’agir comme des trous du cul. Tu sais le pire dans cette histoire ? Frank Kozic, le fondateur du mythique label Man’s Ruin, a eu les couilles de donner à Hermano assez d’argent pour enregistrer notre album, alors qu’il savait très bien qu’il ne pourrait pas le sortir à cause d’American Records
Il le savait à l’avance ?
Oui, il le savait, il m’a appelé au studio quand on commençait l’enregistrement et m’a dit que l’album ne pourrait pas sortir comme prévu, et il m’a malgré tout donné l’argent nécessaire. J’ai promis à Frank que je lui rendrai tout son argent et on a fait mettre une clause dans le contrat avec Tee Pee pour qu’ils ne donnent pas le moindre centime à Hermano sur les royalties tant que toute la dette à Frank Kozic n’était pas remboursée
Enfin, tu vois le genre, c’est dire à quel point les mecs de Tee Pee sont des salauds
Parlons maintenant de l’avenir : quels sont tes plans pour l’avenir, une fois l’album sorti, avec tous tes projets ?
Et bien l’album de Orquesta sort donc fin octobre en Europe, et en Décembre ou Janvier aux Etats-Unis. Nous prévoyons toujours de rentre en studio en décembre avec Hermano pour enregistrer le nouvel album. Il est écrit, il faut simplement maintenant trouver le temps de le faire, et décembre semble être le meilleur moment pour ça. On essaiera aussi de faire quelques concerts avec Orquesta en Californie très prochainement, puis avec un peu de chance, on pourra revenir en Europe avec Hermano au printemps pour s’éclater, et en même temps jouer quelques concerts en parallèle ici ou là avec Orquesta, pourquoi pas ? Bref, s’éclater.
Et si tu nous parlais un peu de ton projet secret avec John Garcia ? (ndlr : le légendaire chanteur de Kyuss, Unida
)
John et moi écrivons des chansons ensemble depuis maintenant cinq ou six ans, des chansons plutôt “douces”, acoustiques. On en est arrivé à accumuler un énorme tas de chansons, et on se dit sans arrêt qu’il va être temps d’en faire quelque chose un jour ou l’autre, et je crois que l’on en est arrivés au point limite où l’on s’est dit : “OK, maintenant on a tant de chansons, il faut absolument que l’on en fasse quelque chose avant d’aller trop loin”. Alors on va rentrer en studio pour enregistrer ça. Je pense qu’on le fera dans les trois ou quatre mois qui viennent, et peut-être sortir ça environ au même moment que le prochain album d’Hermano. Ce sera un projet très personnel, c’est vraiment simplement John et moi. Par rapport à Orquesta, où il y a parfois 37 pistes sonores à mixer, là il y a à mon avis au maximum une piste de chant et deux pistes de guitare ! C’est très minimaliste, j’ai vraiment envie de m’impliquer maintenant dans des projets pour lesquels le mixage ne nécessite que de tourner trois boutons différents sur la table de mixage ; c’est vraiment comme ça que je ressens les choses aujourd’hui !
septembre 2003 par Laurent.
Publié par Laurent Sparzanza, avec son nouvel album, le dantesque “Into The Sewers”, prend la tête de file des groupes de l’excellent label français Water Dragon, en terme de professionnalisme et d’espoir ! Les suédois ont désormais toutes les billes en main pour devenir énormes, la première étape consistant simplement à vendre quelques rondelles
Vous savez ce qu’il vous reste à faire ! Commentaires à chaud de leur très sympathique bassiste Johan, sur une vraie bombe
La dernière fois que nous nous sommes parlés, vous veniez de sortir votre premier album, “Angels of Vengeance”. Comment a-t-il été reçu ?
Johan : On a vraiment eu un super accueil avec cet album après la sortie de “Angels
”. Plein de super critiques, provenant de partout dans le monde, dont beaucoup venaient de la scène stoner. Ces critiques nous ont conforté, tout le monde semblait d’accord pour nous encourager dans la voie que nous avons choisie, à savoir notre volonté d’aller au delà du stoner, de faire un pas vers le heavy metal ; ça a été très apprécié et on nous a souvent fait la remarque que notre style était original. On a aussi eu beaucoup d’excellents échos sur notre chanteur, Fredrik, dont c’était le premier enregistrement avec nous. C’est un super chanteur. Le seul point négatif depuis la sortie de l’album a été la très faible distribution du disque en Scandinavie, ce qui a rendu très difficile d’organiser la moindre tournée ici, en Suède, mais aussi de gagner en crédibilité vis à vis des médias. On s’est vraiment battus pour que l’album se vende le mieux possible (à tous nos concerts, par exemple), et pour avoir des contacts, des plans de concerts, etc
En gros, je trouve quand même qu’on s’est pas mal débrouillés sur ce premier album. Un truc qui était vraiment cool, c’est quand Pete Dolving est venu nous voir en nous proposant de produire notre nouvel album. J’adorais ce qu’il avait fait dans son groupe précédent, The Haunted, et c’était génial de voir qu’il croyait en notre potentiel à ce point. Finalement, cela ne s’est pas fait, nous n’avions pas la même vision de ce à quoi devait ressembler le son de Sparzanza, tout simplement.
Malgré votre difficulté à organiser une vraie tournée, vous avez quand même pu faire quelques concerts, dont de gros festivals
C’est vrai. Nous avons essayé de tourner autant que possible, au moins en Suède, mais comme je te disais, il est difficile d’obtenir des concerts, même avec un premier album sous le bras, car nous n’avions pas les moyens de travailler l’aspect “marketing” autant que nous aurions dû. Nous avions quand même organisé une grosse fête pour la sortie de l’album “Angels
”, et cela nous a permis de nous faire remarquer et de booker quelques concerts, et aussi l’un des plus gros festivals suédois, qui s’est super bien passé. On avait aussi réussi à monter une petite tournée en Allemagne, mais ça ne s’est finalement pas fait (la faute à une agence de tourneurs vraiment bizarre
). Cette année 2003 fut bien plus encourageante en ce qui concerne les concerts : on a d’abord fait une petite tournée des clubs avec le groupe Space Probe Taurus, à la période où nous enregistrions “Into The Sewers”. Plus tard, on a eu l’opportunité de jouer au Hultsfred Festival, ce qui nous a ouvert beaucoup de portes : non seulement on a eu quelques contacts intéressants après ce festival, mais ça nous a permis d’atteindre un certain statut en tant que groupe. Les groupes qui ont joué à Hultsfred sont réputés, ce sont tous de bons groupes, c’est un critère de qualité et de talent en général. On a ensuite joué au festival allemand “Stoned from the underground”, cet été, il faisait une chaleur insoutenable, on tenait à peine debout ! On a vendu un paquet de merchandising, et on a appris aux allemands à boire
Mais le meilleur show est assurément le concert pour fêter la sortie de “Into The Sewers”, ici à Karlstad. Le club était plein à craquer de fans, d’amis, d’ennemis, de journalistes, et tous ont adoré notre concert. Je n’ai jamais ressenti ça auparavant, c’était vraiment incroyable, tout le monde gueulait, souriait, chantait, faisait du stage diving

Votre dernier album, “Into the sewers”, sort sur le label français Water Dragon, comme le premier
Water Dragon est vraiment un label qui monte. Le nouvel album a bénéficié d’un plus gros budget, d’une meilleure promo, d’une meilleure distribution
Tout est mieux, en fait, depuis notre premier album ! On a aussi une super boîte de distribution ici en Scandinavie, désormais, Sound Pollution, qui nous aide beaucoup, surtout pour le marketing. L’un des mecs de Water Dragon est venu nous voir il y a quelques semaines, et je peux te dire qu’ils sont vraiment super dévoués à leur travail sur le label. C’est ce qui les différencie des grosses maisons de disques : ils aiment vraiment la musique qu’ils sortent. Je suis sûr que l’on pourrait avoir un meilleur budget et un meilleur marketing sur un plus gros label, mais il ne faut jamais perdre de vue ton intégrité en tant qu’artiste. Nous ne voulons pas être le genre de groupe qui parvient à un gros succès sans avoir le sentiment de l’avoir gagné, mérité. Nous trouvons bien plus sain et normal de travailler régulièrement et progressivement, de nous reposer sur notre base de fans les plus fidèles, et de grandir petit à petit. C’est ainsi qu’a fait Metallica dans les années 80, et ils durent depuis plus de vingt ans ! Ce n’est pas le cas des groupes mainstreams.
Vous avez produit et enregistré votre premier album entièrement seuls, tandis que cette fois vous avez fait appel à un producteur, Rikard Löfgren. Pourquoi ce choix ?
C’est simplement une question de moyens financiers : si l’on avait pu se le permettre, on aurait aussi eu un autre producteur sur le premier album ! Sur “Angels of Vengeance”, nous ne pouvions pas nous permettre d’enregistrer dans un autre studio que le studio Speedball, car j’y travaillais, et le temps de studio nous était facturé moins cher. C’est pourquoi nous avons produit l’album nous-mêmes. Lorsque nous avons planifié l’enregistrement de “Into The Sewers”, nous sommes tous tombés d’accord sur le fait qu’il était nécessaire d’avoir une opinion extérieure sur notre musique, quelqu’un qui nous permettrait d’obtenir un meilleur son encore. Après des essais infructueux avec Peter Dolving, nous nous sommes tournés vers un vieil ami, Rikard Löfgren. Je le connais depuis que je suis gosse, et on a joué dans un paquet de groupes ensemble. Il bossait aussi au studio Speedball, donc je savais déjà qu’il était un super ingénieur du son. De plus, ses racines sont très metal, ce qui ne l’empêche pas de bosser pour beaucoup de musiciens mainstream. Et comme tu peux l’entendre sur l’album, c’était le bon choix, il nous a vraiment permis d’obtenir un super son.
Effectivement, la production est excellente, mais en ce qui concerne les chansons, comment composez-vous ? Chacun dans votre coin ou bien durant des jams en groupe ?
Ca dépend, il n’y a pas de méthode bien établie. Parfois nous jammons dans notre salle de répétition et on trouve un couplet sympa, un bon riff ou autre, sur lequel on travaille ensuite. D’autres fois l’un d’entre nous compose une chanson entière chez lui, l’emmène en répétition, et nous la modifions et l’arrangeons tous ensemble. La plupart du temps, les paroles sont écrites après la musique, mais là encore, ce n’est pas systématique. Par exemple, j’ai moi-même (un bassiste !) participé à l’écriture des paroles
En tous les cas, nous sommes tous impliqués dans la composition, et c’est le plus important pour nous.
D’où viennent la pochette et l’ambiance visuelle de l’album, style comic book ?
On a beaucoup réfléchi au concept visuel du livret de l’album, et on a eu l’idée d’avoir une pochette “comic” et une séquence d’action à l’intérieur, avec des photos de nous, comme un film. On a passé toutes nos idées à un artiste, qui a fait la maquette, et il nous a montré un truc qu’il trouvait encore plus cool, pas avec de vraies photos mais plutôt une version BD de nous ! On s’est dit que ça serait pas mal d’avoir chacun des vignettes avec nos gueules plutôt que des traditionnelles photos ! Le concept est parti de là, ça change un peu des livrets CD habituels !
Quels sont vos plans maintenant que l’album est enregistré et dans les bacs ?
Nous n’avons pas encore composé de nouvelle chanson pour le troisième album, nous allons nous concentrer sur la promotion de “Into The Sewers”, du mieux que l’on peut. Nous partons en tournée en janvier en Allemagne et en Holande, puis on a des concerts en Suède aussi. Par ailleurs, nous avons aussi enregistré des vidéo-clips pour les chansons “Kings on Kerosene” et “Children shouldn’t play with dead things”, qui, on l’espère, vont être diffusés sur tous les shows TV metal de la planète ! Nous travaillons aussi en étroite collaboration avec Sound Pollution ici, ils nous aident à promouvoir l’album en Scandinavie, tandis que Water Dragon fait un super boulot pour le reste de l’Europe. Voilà nos plans
Le reste du temps, je pense qu’on boira des bières !
septembre 2003 par Laurent.
Publié par Laurent Sans crier gare, vient de débouler de Finlande un groupe ravageur (et ravagé) répondant au doux patronyme de Rite. Détruisant tout sur son passage, le premier album du quintette, “Shoot Skull For Jackpot” (qui sort sur un label français décidément de plus en plus actif et intéressant) fait mouche et impressionne par son son énorme, la qualité de ses compos et une puissance remarquable. Juste assez en tout cas pour piquer notre curiosité, ce qui nous a poussé à poser quelques questions au batteur du groupe, Juha, pour nous aider à comprendre un peu le phénomène
Résultat concluant, jugez-en par vous-mêmes ci-dessous.
Premièrement, peux-tu brièvement nous présenter la courte vie de Rite ?
Juha : Rite est un groupe de rock’n’roll composé de cinq membres, et nous venons de la froide Finlande. Notre histoire remonte quand même à 1994, au moment où nous avons changé le nom de notre groupe d’alors pour devenir Rite (trois d’entre nous jouions dans ce groupe à l’époque). Nous avons enregistré quatre démos jusqu’en 1999, dont la dernière est sortie en vinyl. Notre premier album, “Shoot Skull For Jackpot” est sorti en novembre 2002. Il y a aussi l’une de nos chansons sur la compilation “Mighty Desert Rock Avengers” et sur divers CD samplers sur des magazines ici ou là
Hormis ça, il faut juste signaler que nous avons eu seulement deux changements de line-up dans notre histoire, et que le groupe est donc actuellement composé de Jarkko au chant, Sami et Janne aux guitares, Manu à la basse et moi à la batterie.
Comment définirais-tu votre musique ? J’aurais moi-même du mal à la résumer eu un seul terme peut-on par exemple dire qu’il s’agit d’une sorte de mélange heavy power rock’n’roll metal saturé ?…
Hahaha, oui, tu es assez proche ! Je ne pense pas que nous sommes très proches du Power Metal, mais tant que tu cites les mots “heavy metal” et “rock’n’roll”, tu as forcément raison ! Ce que je veux dire c’est que nos racines sont clairement ancrées dans le metal, même s’il y a une très grosse touche rock’n’roll dans nos chansons.
De même, j’ai du mal à identifier des influences directes dans votre musique, en avez-vous ?
Les pères du heavy metal, Black Sabbath, sont l’un des groupes qui font l’unanimité au sein de Rite, et je pense que tu peux entendre leur influence dans certaines de nos chansons. Mais au delà de ça, bien entendu, tous les groupes que l’on apprécie influencent plus ou moins nos compositions, même sans que l’on y pense vraiment
Nous écoutons du heavy rock quasiment depuis notre naissance, il serait donc impossible de mentionner tous les groupes que nous aimons, mais peut-être que les plus importants sont Entombed, Danzig, Black Sabbath, Kiss, Xysma (un groupe finlandais) et Slayer.
Votre son de guitare sur cet album est assez incroyable, très brutal et pourtant très clair à la fois, une sorte de mélange entre Meshuggah, Entombed et Motörhead. Est-ce que le travail du son de guitare a été l’un de vos soucis majeurs au cours de la production de cet album, ou bien est-ce qu’il s’agit d’un élément qui a toujours été propre au groupe ?
Notre but était effectivement d’obtenir un son brut, violent en quelque sorte, pour les guitares. Avant de rentrer en studio, nous savions déjà un peu le type de son que nous souhaitions, mais n’étions pas sûrs de comment l’obtenir concrètement. Arttu Sarvanne (le mec qui a produit et enregistré l’album en collaboration avec nous) nous a énormément aidé à trouver ce son que nous voulions. Et je dois bien dire que nous sommes très heureux du résultat et du travail d’Arttu en général !
Je suis peut-être à côté de la plaque sur ce coup, mais en se penchant un peu sur Rite, votre site web, votre livret de CD, vos paroles parfois, etc
il semble qu’il y ait autour du groupe une sorte de sens de l’humour un peu décalé, mais omniprésent. Est-ce une volonté d’ajouter une touche de déconne autour de la musique ?
Avant tout, faire partie d’un groupe est totalement fun. C’est ainsi que ça doit être, dans le cas contraire, il n’y a aucun intérêt à faire ce que nous faisons. Et je pense que tu as de toute façon raison à propos de ce sens de l’humour un peu décalé au sein du groupe ; nous ne cherchons pas à tout prix à être drôles et à sortir des vannes à tout bout de champ, mais cet humour vient de notre attitude générale, de notre approche de la vie. Nous prenons toutefois notre musique très au sérieux, ça c’est sûr, mais en même temps il y a toujours quelque chose de drôle dans chaque situation que nous rencontrons, et on aime bien mettre cet aspect en avant lorsque l’on en a l’occasion.
Et qu’en est-il de cet énigmatique titre d’album, “Shoot Skull For Jackpot” ?
Ce titre vient en réalité d’un flipper sur lequel nous jouions très souvent dans un pub près de chez nous ! Manu, et surtout Sami, sont de grands fans de flippers, et un jour Manu a trouvé que ce slogan sur le flipper ferait un super titre d’album. C’était en 2000, ce qui signifie que nous avions déjà un titre pour notre album plus d’un an avant même qu’il ne soit enregistré !
On entend de plus en plus de groupes scandinaves dans le rock heavy en général, plus particulièrement des groupes suédois, mais Rite est l’un des premiers évoluant dans un genre similaire, qui est issu de Finlande. Comment se porte la scène rock finlandaise ? Penses-tu que d’autres groupes finlandais vont suivre vos traces et commencer à se faire connaître ?
Wow, c’est flatteur d’être le premier groupe de la sorte
le Heavy Rock se porte bien en Finlande. Il y a de nombreux groupes qui tournent dans le monde (Children Of Bodom, Sentenced, Stratovarius
), et beaucoup d’autres groupes, pas aussi célèbres, parviennent tout de même à rendre la vie en Finlande intéressante ! Dans un futur proche, vous devriez entendre parler d’un groupe finlandais appelé Total Devastation : ils enregistrent leur album très bientôt, et si vous aimez bien le metal brutal killer, vous allez adorer ! Le groupe Zerocharisma devraient aussi faire parler d’eux avec leur super nouvel E.P. “Chiefs and Captains”.
Votre album sort sur un label français, Water Dragon Records. Comment l’avez-vous choisi ?
Après avoir enregistré notre dernière démo, “Goddamn”, en 1999, nous l’avons envoyée à divers labels un peu partout dans le monde. Je peux dire que nous n’avons pas choisi Water Dragon, mais plutôt que ce sont eux qui nous ont choisis ! Water Dragon a donc voulu sortir ces enregistrements sur un single à travers leur site web, mais cela ne s’est finalement pas fait, et ils ont préféré le sortir en tant que 7″ vinyl en 2000. Et je peux te dire qu’on est fiers de cette sortie ! Nous avons donc souhaité poursuivre cette collaboration, et notre premier album sort donc chez eux. Je remercie donc encore très, très chaleureusement Matt et Xavier chez Water Dragon !
Prévoyez-vous une tournée pour la sortie de cet album ? Si oui, envisagez-vous de passer près de chez nous ? Et concrètement, c’est une chose dont les gens ne se rendent pas toujours compte, est-ce qu’il est facile de monter une tournée européenne pour un groupe de taille moyenne comme le vôtre ?
Malheureusement, aucune tournée européenne n’est prévue, tout du moins pour le moment. Bien sûr nous adorerions jouer partout, mais une tournée en Europe, par exemple, ne se fait pas aussi facilement. S’il y a un tourneur qui lit ceci, le message est clair : “Rite est prêt à envahir l’Europe !”. En ce qui concerne le financement, je peux te dire que tourner est certainement la pire option à choisir si ton seul but est de devenir riche ! Toutefois, si on arrive à gagner assez d’argent en faisant des concerts pour payer l’essence et la bière, nous n’avons pas besoin de quoi que ce soit d’autre, ça c’est clair, et nous partons sur le champ !
Quels sont vos plans pour les mois à venir ?
Et bien, nous allons faire quelques concerts en Finlande, alors si vous traînez dans le coin, vous êtes les bienvenus ! Nous sommes par ailleurs en train d’écrire de nouveaux morceaux pour le prochain album, nous avons déjà cinq chansons prêtes, et dès que nous en aurons dix ou onze, nous retournerons en studio. J’espère vraiment que ce sera en 2003 !
Bon, voici le moment fatidique où tu as ta dernière chance de t’adresser librement à nos lecteurs
Et bien je veux juste leur rappeler que “Shoot Skull For Jackpot” est disponible sur internet directement sur notre site web à www.riffrock.com/rite. Une fois que vous aurez l’album, vous pourrez vraiment vous détendre et apprécier la vie comme il se doit en l’écoutant ! J’espère aussi que nous aurons l’occasion de vous voir un jour à un concert de Rite ! Et mes derniers mots seront : soutenez l’underground et restez heavy !
décembre 2002 par Laurent.
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